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· Dans la nuit du 13 au 14 janvier 1691, des Prédicants abattent les croix, tant en pierre qu'en bois qui se dressent un peu partour sur le territoire de la Paroisse, et les mettent en pièces. Le 10 mai 1811 on plante au quartier du Bouis, sur la route de Camias et de la Rouvierette ( c'est à dire après les ancienne école sur l'ancienne route qui passait en haut du village et allait rejoindre la route actuelle après le grand virage de Valmalle et à ne pas confondre avec la belle et grand croix sur le serre qui domine se virage, un peu à l'écart de la route ) la Croix de la Retraite , ainsi nommée à cause des pieux exercices qui précédèrent son érection? Cette croix était un des points de destination des processions des Rogations. Elle était même la première de la série des trois jours précédant la fête de l'Ascension. Il faut rappeler que c'est dans ce quartier, à un endroit très proche, qu'en 1793, un des vandales qui avait mis à sac l'église paroissiale, enfoncé le tabernacle, démoli les autels et brisé les cloches, puis avait pris la fuite , fut atteint d'un coup de feu tiré par un gendarme et succomba sur place en vomissant du sang. Un de ses compères devait mourir peu de temps après, dans le quartier du Pied-Méjean, "abandonné de Dieu et des Hommes" disent les textes. En 1846, après une mission organisée par le curé Dumazert, on restaure la grand croix du Cimetière. C'est cette croix qui avait été plantée pour clôturer une célèbre mission prêchée par le célèbre Père Bridaine. le cimetière était alors à peu près à l'endroit ou se garent les voitures, sous le mur du parc du château, juste à l'embranchement du chemin qui passe sous le chevet de l'église, à l'endroit où une restauration récente vient de construire un muret. On distinguait il y a peu une des grosses pierres en granit du pays qui provenaient de l'ancien soubassement. Le croix implantée dans le nouveau cimetière, était placée au même endroit où une croix est placée aujourd'hui. La croix actuelle remplace une croix en fer forgé, cassée par la chute d'un cyprès qui se trouvait là, sur la tombe des prêtres de la paroisse, arbre abattu par un fort coup de vent un jour de tempête. L'ancienne croix avait été entreposée dans le grenier du château où je l'ai vue moi-même. Elle a fini par disparaître. Elle était bien plus belle que la croix "moderne" actuelle. mais faut de savoir, on a hélas effacé ce pan de notre histoire !
Un camion d'une entreprise dont on taira
le nom, s'était aventuré là, bien avant que le chemin qui contourne le parc du
Château ne soit carrossable. Arrivé à cet endroit le chauffeur entreprit une
manoevre difficile et en reculant l'arrière du camion heurta la joli petite
croix et la stèle de pierre d'un seul morceau de granit du pays fut cassée. La
croix en fer forgé disparut et il n'était pas possible de recoler les morceaux
du bloc de granit.
Un habitant de St André, Paul Pibarot tenta une restauration en coulant une stèle en béton et il mit au sommet la croix que l'on voit toujours, qui est une ancienne croix récupérée au cimetière. Etant présent au moment de ce travail je peux attester de cela.
D'abord l'emplacement de cette croix marquait l'ancienne entrée du village, par la route qui au travers les combes, descendait jusqu'au vieux pont du Mas, pour remonter ensuite avant de redescendre vers le pont des Gravettes, avant de rejoindre La Coste. Ci et là on peut voir encore, ou imaginer, grâce à quelques vestiges de murs, le trajet de cette ancienne route.
De cette croix partaient deux accès au village.
Le premier partait vers le nord, contournait le parc du château et l'entrée du
village se faisait par le vieux pont roman, en si mauvais état
actuellement quand il enjambe le ruisseau de Saint André, lou Vallat. Le chemin
rejoignait la rue principale et centrale, en descendant vers l'église, et côté
ouest, continuait en passant sous la belle ancienne filature, et allait
rejoindre, par la route qui passe sous les anciennes écoles, la route vers
Mandagout, aussitôt après Valmale ( ou Vanmales selon les sources). Ceci
explique l'emplacement de l'autre très belle croix, dite de Valmale, récemment
restaurée par un habitant du village.
L'autre entrée du village se faisait, toujours à partir de cette croix du Regard, en
longeant en descendant le mur d'enceinte du parc du château; elle passait au
milieu de l'ancien cimetière, - on peut voir encore l'endroit où elle passait
le long du grand mur qui domine le parking actuel, baptisé à tort rue alors que
le nom espace, ou plan aurait été plus adapté.. ! - et le chemin se poursuivait
en passant au niveau de l'actuelle grande croix, appelée autrefois "la
Croix d'Or", placée à cet endroit en 1951 alors qu'elle se
trouvait un peu plus haut, derrière les maisons qui sont aujourd'hui à l'entrée
du village. (On voit encore la trace des belles pierres de taille en granit qui
soutenaient le socle) et, en empruntant le chemin toujours appelé " djouloun"
( approximativement : sous le long sous-entendu "rempart") et
rebaptisé, avec beaucoup de bonne intention "rue du prieuré",
mais hélas sans grandeur rigueur ni référence ou preuve historique! L'accès au
village se faisait ensuite, via la rue en dessous du monument aux Morts, et
allait rejoindre la rue principale et centrale, avec à droite la montée vers la
place devant l'église. On ne pouvait pas passer en voiture ou en charette le
long de l'église. Ce n'est qu'en 1878 que l'on aménage la route actuelle vers
la Coste.
Ce n'est qu'à l'ouverture de la route de Mandagout à Valleraugue que de gros travaux firent couper l'ancienne maison du boulanger pour accéder au pont actuel construit à cette époque, et que de l'autre côté on déplaça la rampe d'accès au château, pour permettre le passage des véhicules comme c'est encore aujourd'hui. ( auparavant elle descendait presque tout droit jusque vers la sacristie, en laisant juste passer une charette ).
Là encore ces travaux ont laissé des traces. Quand on va vers le grand pont, un bout de maison à gauche est un vestige de la maison qui reliait ce côté aux maisons de l'autre côté ( ancienne boulangerie) . C'est à cette époque qu'on construisit la passerelle, au dessus de la rue du bas ( dite du Prieuré, pour pouvoir accéder au pont. Cette passerelle est sur un support de poutres métalliques et elle a longtemps été équipée de gardes-fous en fer, remplacés aujourd'hui par deux murs de pierres.
Il est important de bien connaître ces
mutations de la topologie du village car cela facilite la compréhension de son
histoire et de la façon dont nos ancêtres vivaient. Si vous faites le tour du
village en suivant ces indications, vous verrez que notre village avait bien
l'allure d'un village fortifié, du moins regroupé sur ses maisons accolés les
unes aux autres.
Le château avait bien alors sa vocation
de protection qu'il a perdue au fil de temps et au fur à mesure des différents
aménagements.
La construction de l'église actuelle, (
1885 - 1888 ) par son aggrandissement, à largement pertubé cette topographie et
le cimetière a été déplacé; à plusieurs reprises pour arriver progressivement,
de sa proximité des murs de l'ancienne église romane, à son emplacement actuel.
Bien des textes de références, liés
souvent aux comptes-rendus de visites des évêques, permettent de suivre ces
évolutions.
Pour cette croix du Regard, il faut
encore faire remarquer la magnifique pierre d'un seul bloc de granit qui supporte
la colonne verticale de la restauration.
Si l'on regarde de près la photo, on
verra que la croix en fer forgé est d'une simplicité et d'une beauté
remarquable. Deux simples bouts de fer soudés et aux extrémités, le forgeron a
applatit puis découpé le fer pour y donner la belle forme que l'on peut voir,
forme que l'on retrouve encore ici ou là sur le territoire de la commune, en
particulier à l'entrée de Camias. Ce sont les plus anciennes croix érigées.
On ne peut pas oublier ici, devant ce
beau panorama, notre poète local, le félibre cévenol Glas, et son oeuvre
majeure, "Uno journado del Moilet".
Quand le héros de cette journée
extraodinaire qui par bien des aspects rappelle les ripailles du célébre
Gargantua, arrive au niveau de la Crousetto dé Régard, il
a sous les yeux le théâtre dans lequel va se dérouler sa fameuse bataille.
Ce paysage est bien décrit par le
chanoine Lamoureux dans sa monographie de Saint André :
" Au Nord les Suels ( aujourd'hui en ruines ) perché comme un nid d'aigles, dans un milieu fertile et poétique, à l'abri du vent, dans un claimt tempéré qui fait rêver du pays des orangers. Plus loin, les Gravettes, enchâssées dans un bosquet ruisselant d'eau, et clairsemé d'arbres, de gazon et de fleurs. Puis, comme du haut d'un phare, on voit les Pauses, ND de la Rouvière avec son église et son clocher à flêche, Ardaillès, les collines qui encadrent le nid chramant de la Vielle, la route de Valleraugue et les campagnes qui la bordent, le Pont de Peyregrosse, avec ses filatures qui font la richesse du pays. Tout près ( en bas à droite et un peu vers le sud est ) le Cambon, le Lebrat, le Villaret. Plus loin (en face sur la droite) les montagnes de Saint Martial avec les Coulisses, la Pèse, la Molière et Savelous.A côté, la riante vallée du Rieu où trône Valbonne illsutrée par la naissance du TRP Marie-Jean, abbé mitré de Fonfroide. Enfin le pic Liron, la Fage, quelquefois recouverts d'un manteau de neige, le col de l'Asclier d'où l'on jouit d'un superbe point de vue. "
C'est ce cadre extraodinaire qui s'offre aux yeux du Maïlet .Voyez plutôt :
Ero orivat,
nosté goulard,
O lo
Crousetto dé Régard:
Descouvris
lou champ dé botaïo
Ounté onavo faïré ripaïo."
Arrivant du Pied- Méjean où il habitait;
il était probablement passé par le "raccourci" qui monte vers
l'ancienne filature, et ensuite en passant pas le vieux pont roman il avait
contourné le château et il s'apprêtait à descendre, par "lou fioul"
" le fil, vers la Borie d'en bas pour remonter ensuite vers les Pauses, ou
:
qu'es lou
plus riché d'oquel mas
E un bravè
hommé en tous cas
Moridavo so
doumoïsello, uno
Uno Bruno
chormanto, bello,
Jouïno,
oïmable ey un air doucet
Embé d'Ornal
fils, del Gasquet."
Monsieur Daudé selon l'usage pour
célébrer ce mariage, préparait un grand festin et avait invité ses parents et
amis. Par aventure, pour y donner sa signature, Monsieur Maïlet fut invité à ce
mariage et il avait là, à la Croix du Regard, le paysage qui allait être le témoin
de cette aventure en vers patois cévenol qui a longtemps fait l'objet de
"déclamation" dans les banquets qui se tenaient dans le village.
C'était un vrai morceau de bravoure que de réciter par coeur, les quelques six
cents vers patois de ce poème.
Cela pourra faire l'objet d'une autre
histoire, si vous le voulez.
Jean Mignot
© copyrigth Jean
Mignot
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