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Les revendications des Habitants de
Saint André de Majencoules
Les
habitants de Saint André de Majencoules,
leurs
attentes et leurs souhaits
Cahier
de doléances de 1789
(Document
original aux Archives du Gard C 1201
district
du Vigan.
A l’heure où nous venons de nous poser des tas de questions sur nos
conditions de vie,
au moment où nous venons d’exprimer nos
souhaits, nos attentes… ou nos convictions
et alors que nous avons entendu tant de
promesses, avant d’entrer dans une autre échéance électorale, voyons un peu ce
qu’exprimaient nos ancêtres, habitants la Commune de Saint André de
Majencoules.
Le cahier de doléances établi en vue des
Etats Généraux de 1789 fut rédigé dans les premiers mois de 1789 et un
procès-verbal en fut dressé en date du 11 mars 1789.
Ce procès-verbal nous donne quelques renseignements sur les habitants et sur la
commune avant d’énumérer la liste de leurs doléances.
Nous apprenons ainsi que les députés de la Commune pour l’élection des Députés
du Tiers-Etat aux Etats Généraux convoqués par le Roi, étaient au nombre de
quatre :
Antoine Noyrigat, gradué ( il avait fait des études et avait des grades =
diplômes) et notaire
Philippe Triaire, premier consul et maire
Jean-Pierre Durand, bourgeois
Grégoire Portalès, bourgeois
La commune comprenait alors 330 feux (
alors qu’il y avait 240 feux en 1661 - on compte en général 5 personnes par
feux ou foyer )
L’assemblée communale avait comme
Président : Philippe Triaire qui était aussi Premier Consul et tenait la charge
de Maire qui n’était pas encore une charge élective.
Une note précise que la seigneurie
appartenait au Roi comme faisant partie de la Baronnie de Meyruies, ce que
confirme en effet la monographie établie par le Chanoine Lamoureux. Le Prieuré
était uni au Collège des Jésuite de Nîmes, depuis le début du 18 ème siècle.
Les familles Daudé (d’Alzon) et Guichard
de La Linière possédaient des fiefs dans cette paroisse.
Guichard de la Linière originaire du
Vigan, était propriétaire du Château actuel. (initiales entrelacées GL sur la
grille d’entrée)
La famille Daudé, dont est issu le Père
Emmanuel d’Alzon, tenait le titre de Gouverneur militaire et habitait la grande
maison en bas de hameau de la Coste ( au dessus de la porte d’entrée, une
grille porte encore la lettre D)
Nous reviendrons sur ces familles dans
un autre article.
Antoine Guichard de La Linière, devait
être élu député de la Noblesse par l’assemblée des nobles de la Sénéchaussée de
Nîmes, dans sa séance du 28 mars 1789. Cornette au Régiment d'Egmont-Cavalerie
( 7 avril 1746) Maréchal de Camp des Armées du Roi ( 1/1/1784) il fut aussi,
après sa députation aux Etats Généraux de 1789, député de l"Assemblée
Constituante. Membre modéré, il adhéra à un groupe de député qui étaient
favorables au rapprochement des ordres: "la Parfaite Union". Son rôle
dans ses assemblées fut très effacé.
Le procès -verbal est signé de 72 noms,
malheureusement sans possibilités de les identifier très nettement car la
majorité sont sans le prénom. Il s’agit pour la plupart des habitants, chefs de
famille qui payaient l’impôt.
On peut citer : Triaire, Sarran,
Portalès, Carrière, Recolin, Fabre, Valette, Nougarède, Abric, Villaret, Metge,
Journet, Ménard, Pibarot, Guibal, Campredon, Puech, Boisson, Accariès… noms de
familles pour la plupart encore représentés dans la commune. Il est possible
d’avancer ici qu’il y avait d’autres familles mais que leur nom ne figurent pas
sur ce procès-verbal car elles n’étaient pas soumises à l’impôt, ayant des
revenus trop faibles. D’autres recherches pourront confirmer ceci.
Suit une énumération en 12 points dont
nous relèverons quelques-uns car ils restent d’une brûlante actualité comme :
- Accorder " le droit à la
province de tenir des assemblées avec pouvoir de délibérer, " ( ce
n’est rien dautre que la décentralisation et la régionalisation !)
avec la " condition que les membres du Tiers état soient en nombre
au moins égal à celui des deux autres ordres réunis "…
- " Faire en sorte que tous les citoyens, sans distinction
d’ordres, soient tenus de contribuer à toutes les charges créées et à créer en
proportion de leurs revenus et facultés… " (égalité devant les
charges)
- " Supprimer la dîme, mais obliger les communautés à payer aux
curés et vicaires, une somme convenable, suffisante et capable de les
entretenir et de les faire vivre de manière honnête… "
- " Réformer le code civil et criminel, abréger et simplifier les
formes judiciaires, la longueur des procès… " (réforme de la
Justice)
- " Abroger toutes les lois et règlements qui nuisent à
l’agriculture et gênent les mutations " (réforme des droits de
succession )
Suivent d’autres doléances parmi
lesquelles nous soulignerons seulement :
- "Arrêter les progrès du
célibat par des avantages et des distinctions aux gens mariés "(
le chanoine Lamoureux cite déjà cette doléance - nous n’avons pas pu vérifier
le nombre de célibataires dans la commune… vu la revendications on peut
supposer qu’ils étaient nombreux !)
et enfin :
- "Adoucir la rigueur des impôts pour les pays des Cévennes, dont le
sol aride et montagneux exige un entretien très dispendieux et ne laisse au
cultivateur qu’un revenu net et très modique. "
Une bonne conclusion à ce rapide regard
en arrière pourrait être tiré de la fable du laboureur de ce bon Monsieur La
Fontaine : " Cent fois sur le métier, remettez votre ouvrage ! "
Le document ne comporte que la seule signature de Triaire, premier consul et maire
Texte intégral :
COLLECTION DE DOCUMENTS INEDITS
SUR L’HISTOIRE ECONOMIQUE DE LA REVOLUTION FRANCAISE
Publiés par le Ministère de l’Instruction Publique
Département du Gard
CAHIERS DE DOLEANCES
DE LA
SENECHAUSSEE DE NIMES
Pour
Les ETATS GENERAUX DE 1789
Publiés par
E.BLIGNY-BONDURAND
Archiviste du département du Gard
Correspondant du Ministère de l’Instruction Publique
Tome second
NIMES
Imprimerie A.Castanier
12 rue Pradier.12
1909
pages 134,135,136,137
CCXXIV
SAINT-ANDRÉ DE MAJENCOULES
Diocèse d'Alais
PROCÈS-VERBAL authentique, s. t. 11 mars 1789.
Quatre députés:
Antoine Noyrigat, gradué et notaire,
Philippe Triaire, premier consul maire,
Jean-Pierre Durand, bourgeois,
Grégoire Portalès, bourgeois:
Signatures: Triaire, pr. cl. mre. Sarran. Pourtalès. Sauzet, cl. Donzet.
Triaire. Carrière. Recolin. Accariès. Triaire. Fabre. Valette. Fabre. Metge.
Sarran. Ribard. Villaret. Metge. Pourtalès. Nougarède. Mallié. Triaire.
François Jean. Abric. Abric. Villaret. Daudé. Journet. Portalès. Daudé. Barre.
Ribard. Calvas. Launard. J.Jean. Triaire. Grandet. Nougarède. Ménard. Fabre.
Triaire. Pibarot. Portalès, Fabre. Accariès. Nougarède. Sarran. Bousquet
Ménard. Valette. Puech. Metge. Viala. Salles. Vincent. Guibal. Campredon.
Capion. Reynès. Boisson. Portalès. Léonard. Accariès. Portalès. Boisson. Abric.
Accariès. Marquès. Fabre. Noyrigat. Farran, gfr. consulaire.
NOTICE:
330 feux.
Président de l'assemblée :
Philippe Triaire , premier consul, maire.
La Seigneurie appartenait au Roi, comme
faisant partie de la baronnie de Meyrueis.
Le prieuré était uni au collège des Jésuites de Nîmes au XVIII siècle .
Les familles Daudé (d'Alzon) et Guichard de la Linière possèdaient fief dans
cette paroisse.
A la séance du 28 mars 1789 (assemblée des nobles de la sénéchaussée) figure
Antoine-Francois de Guichard de La Linière Chevalier , seigneur de Saint André
de Majencoules , chevalier de Saint Louis, maréchal des camps et armées
du Roi.
Châtaigniers, mûriers, oliviers, vigne,
blé, fourrages, pâtis.
Cultures en terrasses.
CAHIER authentique, mais sans autre signature que celle de Triaire, premier
consul maire. 11 mars 1789.
Très humble et très respectueuses
doléances et supplications du Tiers état de la communauté de Saint-André de
Majencoules, diocèse d'Alais, délibérées dans l’assemblée générale de ladite
communauté le 11 mars 1789.
Le Roi sera très humblement supplié :
1. D'accorder à cette province la
liberté de s'assembler pour constituer ses Êtats particuliers de la manière
qu'elle jugera la plus convenable, en admettant à cette Assemblée des membres
du Tiers état en nombre au moins égal à celui des deux autres ordres [réunis] ;
2. D'ordonner que tous [les] citoyens,
sans distinction d'ordres, seront tenus de contribuer à toutes les charges
créées et à créer, en proportion de leurs revenus et facultés, de quelque
nature qu'ils soient ;
3. D'anéantir la dîme, en obligeant les
communautés à payer, aux curés et vicaires desservants, une somme convenable,
suffisante et capable de les entretenir, de les faire vivre d'une manière
honnête, de les mettre en état de ne point exiger de droits de casuel, et d’exercer
leur charité envers les pauvres ; .
4. De vouloir bien réformer le code
civil et criminel ; abréger, simplifier les formes judiciaires, diminuer les
frais de justice, la longueur des procès, et le nombre des gens d'affaires ;
rapprocher les tribunaux souverains, de manière que le pauvre cultivateur ne
soit obligé d'aller chercher justice à 50 lieues de son domicile ; abolir les
tribunaux d’exception, et, s’il est possible, la vénalité des offices ;
5. Abroger aussi toutes les lois et tous
les règlements qui nuisent à l'agriculture en gênant les fréquentes mutations ;
modifier surtout celles [les lois] qui défendent l’aliénation des fonds dotaux,
la vente des biens de mineurs ainsi que celle qui, en Languedoc, accorde au
débiteur discuté le droit de retrait pendant dix ans ;
6. De supprimer les gabelles comme
destructives de l'agriculture, et [de] remplacer cet impôt par une prestation
en argent, conformément à l'avis de Monsieur, consigné dans le procès-verbal de
la première assemblée des notables ;
7. D'assurer la liberté individuelle des
citoyens, et n'en punir aucun sans l'entendre et avoir observé les formes
prescrites par les ordonnances;
8. D'arrêter les progrès du célibat par
des avantages et des distinctions accordées aux gens mariés ;
9. De rendre une loi qui permette aux
vassaux de se racheter des mouvances, lods, prélations, droit de pêche et de
chasse, inféodation des eaux, et autres droits seigneuriaux, comme très onéreux
au cultivateur, et gênant le commerce des biens ;
10. D’abolir le tirage de la milice, et
de charger les communautés elles-mêmes de fournir les sujets propres au service
militaire ;
11. De permettre aux communautés en
particulier, ou à la province en général, de s’abonner pour les droits de
contrôle [ et] insinuation, dont la plus grande partie reste entre les mains
des commis et des fermiers ;
12. D’adoucir la rigueur des impôts pour
le pays des Cévennes, dont le sol aride et montagneux exige un entretien très
dispendieux, et ne laisse au cultivateur qu’un revenu net très modique,
insuffisant pour procurer aux habitants la subsistance nécessaire.
Signature: Triaire,pr.cl. maire.
(Arch. du Gard, C. 1201. Distr. du Vigan. Arch. com., procès-verbal seul, sur
registre.)
© copyrigth Jean Mignot
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