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jeudi 22 juillet 2021

15 - Au fil de la soie

 

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  Au fil de la soie

ce chapitre est en cours de réaménagement )

 Les filatures de Saint André et celles du Pont de Peyregrosse méritent un développement particulier

 




 La filature Caussignac à Saint André

 

La filature Daussat  

dont il ne reste que quelques vestiges, avec la maison de maître ( la grande maison blanche sur la photo - on voit la cheminée de la chaudière ! )  et la coconière, bâtiment qui a longtemps abrité le bureau de poste du Village.


La filature Méjean-Carrière  

 

la filature de Lomède du Pont de Peyregrosse.



L'usine de Pont d'Hérault

 

Vocabulaire : 

Pour mieux comprendre cette histoire des filatures il faut compléter cet article par quelques définitions. 

Dans une filature on fait du "filage". Le filage c'est la transformation du fil qui constitue le cocon en fil de textile, plus particulièrement la première partie du processus  - le tirage - qui  conduira à faire le fil de soie "grège" .

La fabrique, c'est l'usine de transformation du fil grège en fil tissable.

Le moulinage, c'est l'opération qui consiste à transformer le fil de soie par une série d'apprêts mécaniques de torsion et de doublages pour augmenter sa résistance. 

La coconière c'est le lieu ou sont entreposés les cocons avant d'être filés. 

Décoconer c'est enlever les cocons frais des rameaux de bruyères auxquels ils sont attachés. C'est une opération collective. Généralement on est assis sur des chaises autour d'un grand drap de jute qui reçoit les cocons. Ce drap est ensuite noué aux quatre coins et on porte ce fardeau à la coconière. C'est une opération qui est souvent l'occasion d'une fête car c'est la fin d'une étape, celle de l'éducation ou élevage. 

La banque c'est la table de travail des fileuses. Elle porte les bassines

La batteuse, c'est l'ouvrière qui avec une escoubette, va rechercher le début du fil sur le cocon. La fileuse ou tireuseest chargée de dérouler ce fil pour l'enrouler sur un tour. 

La tourneuse est l'ouvrière qui est chargée de mouvoir les tours. ( les tours seront modernisés et actionnés par la force motrice de l'eau amenée à la filature par un béal 

( canal) 

La banque supporte les guindres qui sont les dévidoir destinés à retenir la soie ouvrée après le moulinage. 

Le magnan c'est la chenille du papillon de nuit Bombyx du murier ou Bombyx mori qui s'enferme dans un cocon de soie pour se transformer en chysalide et en papillon adulte.

La magnanerie c'est le bâtiment où l'agriculteur éduque ou élève les vers à soie.

La graine c'est les oeufs du papillon Bombyx du murier et on les pèse en once c'est à dire 26 à 27 grammes.

  

1/ Le beau bâtiment qui domaine encore le village à St André est une filature établie par JP Durand en 1812. 

En 1822 M.Durand fait installer une chaudière Gensoul en cuivre pour servir 24 bassins  

 


Détail des bassins. Les guindres ont disparu.

Vers 1850 on dénombre 52 bassins au premier étage. Ce sont sans doute les mêmes toujours en place aujourd'hui sans aucun mécanisme ( guindres) . ( 2 rangées de 27 bassins portés par un mur maçonné en briques. Toutes les bassines en terre cuite sont en place et c'est très exceptionnel dans la région. Les Guindres et autres supports ont disparu )

Notable Local, M.Durand est élu maire de Saint André. Il garde la filature jusqu'en 1871.

Elle est reprise par Camille Caussignac qui assure un fonctionnement difficile jusqu'en 1885. 
Sa fille Hélène reprend la direction à la mort de son père en 1895. 
La filature fonctionne jusqu'en 1900.




Porte principale de la filature
Elle aurait servi de modèle pour la porte  aménagée dans la façade romane de l'église au moment des travaux de restauration du 19ème


Porte de l'église de St André

.  


et  aussi pour la restauration de la façade du château, porte qui est uniquement décorative . 

"Elle n'est pas murée comme le disent ou le croient certains !"  (Derrière il y a un mur maître perpendiculaire ) . Impossible que ce soit une porte. Avant la mise en place d'une statue, ce qui a été fait vers 1955, il n' y avait rien pendant longtemps.. Du temps où la famille de Lomède habitait là il y avait une porte en bois plaquée contre ce mur. Une porte factice, pour le décor. 

 On ne sait pas laquelle des trois portes a servi de modèle!

 

2/ La filature Daussat

Elle a disparu lors de la création de la route reliant le Mazel à Mandagout via Saint André avec la construction du pont actuel au dessus du ruisseau et du jardin . La base du bâtiment se distingue encore au milieu du grand mur qui soutien la route actuelle. On voit très nettement un décroché assez large. Le rez de chaussée du bâtiment était à ce niveau que l'on retrouve au bas de l'actuel WC public qui était le WC de la filature. Au niveau de la route on voit encore encastrés dans le mur qui soutient le jardin, les 5 piliers qui soutenaient les larges baies vitrées qui éclairaient l'atelier. 

Le grand bâtiment à fronton triangulaire dont l'accès se fait par un portail dans la grand'rue, était le maison de maître. Ont longtemps été propriétaire de ce bâtiment les Giuntini qui avaient un lien de parenté avec les Daussat. ( voir leur tombe au cimetière de St André. )
 

La maison qui servait de coconière existe encore aujourd'hui, c'est la maison qui a longtemps accueilli la poste du village. 

 


La grande maison  avec fronton triangulaire central, est la maison des propriétaires de la filature

 ( Daussat puis Giuntini) 


L'alimentation en eau venait de Laval . La conduite exites encore. Elle alimente la fontaine qui est dans la cour et il y a un très grand réservoir sous la maison à gauche quand on entre dans la cour côté rue.
La conduite passe sous la rue du haut et remonte tout droit dans la calade qui allait jusqu'à la forge de M.Gély . On voit encore en haut de la grande rue, une trappe de regard 

 


Détails. Le niveau de la route actuelle est au niveau du 1er étage à la naissance des grandes baies vitrées.
On voit encore aujourd'hui contre le mur de soutènement du jardin actuele les piliers encastrés dans le mur.
(Photo à venir ) .

 



La filature a été détruite mais on voit encore quatre piliers (blancs) et au dessous les voutes de l'étage du bas de la filature.
à droite du pont on voit la base (avec une voute ) qui sera surlevée par deux niveaux de vérandas et on voit de l'autre côté du pont les élements de la filature ré utilisés pour la véranda d e l'ancien Café de France.

 




détails

 



 


les salles voutées ont été murées.
 On voit tres bien le décroche du mur de soutènement qui marque le niveau bas de l'ancienne filature

Le pont a été construit en 1900


on a ouvert le passage de la route en coupant les maisons et on a construit ces deux niveaux 

de vérandas

mais l 'ancienne veranda de la filature est celle qu'on voit de l'autre côté du pont 


La verrière de cette filature a été récupérée pour servir de véranda aux salles de l'Ancien café de France, dont l'entrée est dans la rue en bas de la place au début de la grand-rue. On peut la voir à partir du pont, vers le Nord à droite. 

 

Les tombes de ces familles au cimetière de Saint André mériteraient d'être sauvegardées par décision municipale, et entretenues par les services de la Mairie, au titre du caractère historique qu'elles représentent en mémoire des familles Caussignac et Daussat qui ont rendu d'éminents services à la population de notre commune.  

Cela se fait un peu partout. Pourquoi pas à St André !

 

Tombe de la famille Daussat/Giuntini

 

Tombe de la famille Durand

3/ La filature Carrière du Pont de Peyregrosse 






Elle a d'abord été une forge, de type "forge catalane" où son propriétaire, Monsieur Alexandre Méjean faisait traiter du minerai de fer qu'il faisait venir de Saint Laurent le Minier. Dans un ouvrage datant de 1878 d'Emilien Dumas sur une Etude géologique, minéralogique, métallurgique et paléontologique, nous lisons que " un décret impérial du 19 octobre 1808 autorise le sieur Guillaume Méjean père, domicilié à Toumeirolles, commune de Saint Julien de la Nef, à construire sur les bords du chemin de Valleraugue, et sur la rivière de l'Hérault, au-delà du pont de Peyregrosse, commune de Saint André de Majencoules, une usine pour le traitement du minerai de fer, par lui découvert en 1806, sur la montagne des Deux-Jumeaux, contigüe à celle de mont Méjean dont il était propriétaire, et au quartier de Ferrière, près de Saint Laurent le Minier. 


La première pierre de cette usine avait été posée en grande cérémonie un an auparavant, le 15 septembre 1807. Une inscription destinée à en perpétuer le souvenir fut placée dans les rochers granitiques de Peyregrosse qui dominent l'usine. "

 Qui connait cette plaque? existe-telle encore? où?


Cette inscription portait : 1807, Napoléon 1er régnant glorieusement, Méjean, de Ganges, estimé de ses concitoyens, établit ici une fonderie de fer, cuivre et plomb. Jeune, il subjugua la fortune et la fixa par son industrie dans ces riches vallées. Il les enrichit encore en domptant les métaux. Hérault dans ton cours rapide, respecte cette inscription. L'amitié la confie au temps et au granit de tes rivages. 


Sur le revers on pouvait lire cette inscription :  

D'Alphonse, préfet du Gard, 

par un choix spécial du Souverain, 

Saint-Paul, sous-préfet du Vigan; 

Teulon, président du canton de Valleraugue, 

Sauzet, maire de Saint-André."


" Mais cette fonderie fut loin de prospérer: vers la fin de 1810 le sieur Méjean réclamait déjà la protection du gouvernement. Parmi les causes de non - réussite on doit compter la distance d'environ 9 kilomètres qui séparait les mines de l'usine et les triages qu'on était obligé de faire pour séparer la pyrite mélangée au minerai de fer; enfin la cherté du charbon et l'obligation de refondre certains fers pour les purifier, restreignant aussi beaucoup les profits. 


Au 1er juillet de l'année 1811, on arrêta l'extraction du minerai, et l'usine cessa de fonctionner. 
.... Depuis 1811 la fonderie de Peyregrosse était restée pour ainsi dire abandonnée, lorsqu'en 1836 des ouvriers mineurs étrangers essayèrent d'y faire quelques fontes du minerai de fer oxydulé du Cap des Mourèzes, près Le Vigan ( concession de Madagout) mais cette entreprise fut bientôt abandonnée. 
Enfin la fonderie fut transformée, en 1838, par l'un des descendants de l'ancien concessionnaire, en une belle usine destinée à filer les cocons et à l'ouvraison des soies " 

Les étrangers qui avaient tenté de faire redémarrer l'usine, en 1815,  étaient des Italiens.
Sur les fondations de cette première usine , M.Méjean associé à M. Carrière originaire de St Laurent le Minier , fait construire le bâtiment actuel de 52 m de long sur 8,5 m de large. Les travaux débutent en 1840.  

C'est le bâtiment qui est immédiatement sur la rive de l'Hérault. ( belle façade à voir depuis le pont ).
 


" Le local sera superbe, la fabrique ( le moulinage) sera en bas et par dessus il y aura le logement des ouvrières et contremaître, le logement de maître et pour une filature si jamais on veut l'établir. Nous n'avons pas besoin d'architecte et je me charge de la direction si ça peut te faire plaisir"  écrit Emile Carrière à Alexandre Méjean.  

Emile Carrière est un négociant filateur et moulinier de Ganges et commanditaire de la fabrique. 

Il représente les intérêts de l'affaire à Lyon. Il acquiert le terrain et les droits d'eau à Maurice Delpuech de Lomède.  

C'est d'abord un moulinage. avec 11 moulins et 20 banques de filage. Le moulinage initial  occupait 20 ouvriers de douze à dix-huit ans et vingt cinq ouvriers de dix-huit à quarante ans. Une roue hydraulique est installée et le tout fonctionne en date du 26 mai 1841. 

40 ouvrières travaillent là sous les ordres d'un contremaître très dur qui provoque de vives réaction de ces ouvrières, obligeant  M.Carrière à intervenir fréquemment. 

L'atelier de Peyregrosse a été mis en activité le 26 mai 1841. Le moulinage initial occupait vingt ouvriers de douze à dix-huit ans et vingt-cinq ouvriers de dix-huit à quarante ans. 
En1843 une filature de 86 bassines est ajoutée. Au début du XX e siècle et en 1909, le filateur occupe 190 ouvriers sur le site de Peyregrosse. En 1927 les effectifs sont ramenés à soixante puis à cinquante en 1932.

Le bâtiment est ensuite utilisé comme bonneterie pour la fabrication de bas en fibres synthétiques ( nylon). La façade du bâtiment côté route est alors défigurée.

C'est du pont que l'on voit le mieux l'ampleur du bâtiment dans son aspect original.



Bâtiment " Carrière" détails


 

(*) La forge catalane, ou forge à la catalane, est un ensemble de procédés technologiques destinés à obtenir du fer, par réduction directe du minerai  — sans passer par l’intermédiaire de la fonte comme dans un haut-fourneau — puis cinglage du massé obtenu. La forge catalane utilise une force hydraulique pour actionner, d'une part, un marteau ou martinet , et d'autre part un système de ventilation, la trompe, destiné à entretenir la combustion du foyer. Le terme désigne aussi bien la technologie en soi, que le bâtiment où s'exerce cette activité. Contrairement à ce que peut laisser penser son nom, ce type de forge a été utilisé un peu partout du XVIIe au XIXe siècle dans les zones de montagne


4/ En 1856 Maurice Delpuech de Lomède fait construire un deuxième atelier, permettant de séparer filature et moulinage. C'est le bâtiment plus en amont et plus en bordure de la route, dit " atelier de Lomède". C'est ce bâtiment où ont travaillé bien de nos mères ou grand-mères. Elles étaient 80, desservies souvent par les jeunes filles dès qu'elles avaient passé le certificat d'étude. Peut-être même avant ! 

Bâtiment Delpuech de Lomède

En 1870 Emile Carrière reprend les deux bâtiments et réactualise le tout. Il se retire en 1885 et cède la direction de l'ensemble à ses deux fils Emile et Paul. 

Paul loge sur place et fait éclairer les bâtiments à l'électricité ce qui est assez remarquable car l'électricité a été installée plus tardivement dans la vallée (1920-1925). 


190 ouvrières et ouvriers travaillent là jusqu'en 1913. En 1927 les effectifs sont ramenés à soixante. Puis l'affaire continue de décliner  et il n'y a plus que 50 personnes  en 1932.

L'ensemble sera repris par la Société des Filatures de soie des Hautes Cévennes.  

Plus tard l'activité se transformera en bonneterie de nylon. 

 


Bâtiment "de Lomède" détails


Il reste à écrire encore ici beaucoup de choses et notamment à enregistrer les souvenirs de ceux et celles qui ont travaillé là et qui vivent encore. beaucoup on entendu leurs parents raconter la vie et le travail dans ces bâtiments. ce serait intéressant d'enregistrer cela. 

Il pourra y avoir de l'aide pour la rédaction. Ce n'est pas la forme qui importe, c'est le contenu ! L'important c'est de parler de tout ça et de noter. 

Les bâtiments du Pont de Peyregrosse sont eux aussi inscrits à l'inventaire des monuments historiques et bâtiments protégés. 



Pont d'Hérault - La Cité : les logements des employés


Réf. Inventaire général du patrimoine culturel . Base Mérimée 


http://patrimoine-de-france.com/gard/st-andre-de-majencoules/forge-catalane-puis-filature-et-moulinerie-de-soie-mejean-puis-carriere-3.php


J'invite ici tous ceux qui possèdent des ouvrages comme celui sur la famille Durand ou d'autres sur la famille Carrière, à ne pas garder trop jalousement pour eux ces ouvrages mais à les partager pour l'intérêt de tous. A quoi sert de garder ces documents au fond d'une armoire  ou dans un tiroir !
Bien sûr ils garderont l'entière propriété de leurs biens mais ce serait une belle contribution à l'histoire du village que de pouvoir faire connaître ces ouvrages et l'ensemble de ces données au plus grand nombre. Merci d'avance . 


Jean Mignot


SOURCES :

 

"Les chemins de la soie"   Itinéraires culturels en Cévennes Espaces Ecrits 1993 

( on trouve encore quelques exemplaires de cet ouvrage dans des invendus chez des libraires. Voir sur internet les sites spécialises - C'est cet ouvrage qui a été offert à notre ancien instituteur Georges Blanc)
"Au fil de la soie - Architectures d'une industrie en Cévennes  -" Images du Patrimoine 1991 - Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France .

(Même remarque que pour l'ouvrage précédent pour se le procurer. )

Archives et dcuments personnels et souvenirs familiaux

On lira avec intérêt le livre de Daniel Carrière ( petit-fils d'Emile Carrière) paru chez l'Harmattan en 2006 :   " Emile Carrière un professeur dans les tranchées" dans la série "Graveurs de mémoire" 

5/ Il convient d’ ajouter ici un mot sur l’ensemble industriel de Pont d’Hérault.

En aval du pont, sur un territoire de la Commune de Sumène, le long de la D 999 la Veuve Martin, utilise  le droit d’eau d’un moulin à blé lui appartenant, et fait établir là, en 1847, une peignerie de bourre de soie. La fabrique se développe assez vite puisqu’en 1857 elle occupe déjà 120 à 130 ouvriers. Elle fonctionne jour et nuit. Alfred Martin qui en hérite installe une machine à vapeur et des étuves. A partir de 1887, l’ensemble est  racheté pas la S.A. de filature de Schappe à Lyon et se développe encore plus. L’atelier de peignage est agrandi. On ajoute des lavoirs, un atelier de décreusage, une terrasse et une salle de séchage, des magasins et entrepots, un réfectoire et une cité ouvrière. On parle alors de cette partie de Pont d’Hérault en disant « la Cité ».

En 1896 on compte 62 ouvriers, 32 ouvrières et 12 enfants.

Le manque d’eau en période d’étiage et la pollution de l’Hérault entraînent la création d’un barrage et d’une série de bassins de décantation.

Les derniers aménagements datent des années 1930.

L’usine fermera en 1968 par manque d’approvisionnement.

 © copyrigth Jean Mignot

 

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