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jeudi 22 juillet 2021

27 - Saint André à Travers les Siècles

 

27

Saint André à travers les siècles

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 Spectacle Son et Lumière, donné à Saint André de Majencoules le 25 août 1963 et réalisé grâce à l’équipe des moniteurs de la Colonie du Manoir Saint Louis – Château de Saint André.

 

Mise en scène :               Roger Flavier

Dialogues :                     Roger Flavier et Bernard Euzéby

Musique :                       irigée par Philippe Cart

Lecteur-Meneur de jeu :  Gérard Lauze

Machiniste-Electricien :   Joseph Toiron

Costumes :                    Roger Flavier et Bernard Euzéby

 

Avec comme interprètes :

 

Roger Flavier                dans les rôles de Vitrolles et du Comte d’Artois

Bernard Euzéby      dans les rôles d’un conspirateur, du Maréchal de Montrevel, d’un SansCulotte et d’Oswald de Lomède

Michel Euzéby              dans les rôles d’un prélat, de Monseigneur de Saulx, d’un Sans-Culotte et de Louis XVIII

Jean Mignot               dans les rôles de Odet de Villereine, d’un conspirateur, et de Monsieur de La Lignière

Daniel Granucci           dans les rôles d’un prélat, du curé Valette et de Monseigneur de Bétisy

Bruno de Talencé         dans les rôles de Monsieur de Chamfort, de de Lomède et d’Artois

Jacques Nicolas           dans  les rôles d’un conspirateur, d’un Sans-Culotte, et de de Montalet

Jacques Couteau         dans les rôles d’un conspirateur, de de Montalet et de Bocastel

Pierre Gauzy               dans le rôle de de Montalet

Bertrand Boucher        dans les rôles de Catherine de Médicis et de Mélanie de Montalet

Claude Fontanier         dans les rôles d’un conspirateur, de Berwic et d’Angélique de Talleyrand

Francis Belin               un prisonnier

Yves Malige                un prisonnier

Pierre Nicolas             un valet

Geneviève Euzéby       dans les rôles d’Anaïs et de la Duchesse d’Angoulème

 

Directeur de la production :   Monsieur et Madame Euzéby

 

Ce spectacle a été donné une première fois le 24 et 25 août 1963 en deux représentations successives à l’occasion du dixième anniversaire de la colonie.

 1ère  représentation :  actes I – II – III – IV

2ème représentation :  actes V – VI – VII – et VIII

Une deuxième représentation a été donnée le 25 août 1983, pour le vingtième anniversaire de  la colonie. Les actes I et II ont été supprimés.

Cette année-là le spectacle a été donné par l’équipe des anciens et des nouveaux moniteurs de la colonie de Saint André de Majencoules

 

Avec :

 

Madame Michel Euzéby

Madame Jean Mignot

Mesdemoiselles Dominique Durand, Jacqueline Ayglon et Maryse

Messieurs :

         Roger Flavier

         Michel Euzéby

Jean Mignot

Bernard Euzéby

Frédéric Durand

André Jacquel

Dominique Morlat

Yves Malige

Jean-Luc Renan

Jean-Luc Aigoin

Robert Morlat

Gabriel Vernettes

Philippe Roy

Yves Payan

Thierry Arnal

Michel Jacquel

Francis Belin

Jean-Luc Fedlaoui

Michel Lagarde

Jean-Claude Coulet

Jean-Marie Legentil

Philippe Malige

Patrick Calamia

Pierre-Marie Aigoin

Et les colons : Didier Gaillard, Pierre Marzi , Lucien M’ba, Philippe Vial, Hubert Jacquel, Paul Arbogaak

 

Meneur de jeu :       Daniel Granucci

Technicien du son :  Guy Vernette

Décorateurs :          Jean Mignot – Michel Lagarde

Réalisation :            Roger Flavier – Bernard Euzéby

 

INTRODUCTION :

On a dit que les portraitistes sont les meilleurs historiens.

Qui ne connaîtrait Richelieu en interrogeant sa pâleur ?

Louis XIV après avoir vu ses grands airs ?

Plutarque était un grand historien qui, en écrivant la vie des hommes illustres, écrivait l’histoire de son temps.

La parole a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée, mais sa figure est sa pensée elle-même. La figure de l’homme est faite à l’image de Dieu, la Pensée Universelle.

Voila pourquoi, pour peindre des siècles nous allons peindre des portraits.

Le fil d’Ariane de l’histoire qui se casse aux mains les plus patientes, nous égarera au labyrinthe d’une vie, et puis d’une autre. Mais les personnages historiques que nous allons ressusciter à vos yeux incarneront l’histoire de notre village mieux que ne saurait le faire un aride récit.

L’histoire de Saint André se divise en deux parties

Le premier Saint André, construit lentement par les moines bénédictins, village-prieuré, puis fief féodal, disparait dans les flammes de l’incendie des Cévennes ordonné par le Duc de Rohan sous Louis XIII. De lui, il ne nous reste aucun vestige, sinon les pans d’un vieux mur, une seule maison et les restes d’une fenêtre Renaissance dans une ruelle, non loin de la Poste.

Le deuxième Saint André nous est familier. C’est à quelque chose près celui d’aujourd’hui, avec ses ruelles, ses escaliers, ses maisons en amphithéâtre. Il fut reconstruit dès la fin du règne de Louis XIII et sous Louis XIV. Les dernières années du Grand Siècle et sous la Régence il retrouva son château.

 

Sept personnages remarquables jalonnent l’histoire du village.

Le premier est un symbole. Il incarne les pionniers, les Bénédictins venus d’Aniane qui défrichèrent le sol et fondèrent le village. C’est le Moine au plein sens du mot.

Les trois personnages suivants appartiennent à un Saint André totalement disparu.

C’est d’abord Odet de Villereine, un chevalier des premiers seigneurs du lieu, contemporain de Saint Louis.

Ensuite Ange de Sauzet, un homme de main parmi tant d’autres du terrible Louis XI.

Enfin Hyppolito de Montalet, né sous le ciel de Florence et venu en France avec la cameria de la Reine Catherine de Médicis ; un serviteur fidèle du Roi au milieu des Guerres de Religion.

 

Le Saint André des temps modernes est représenté par :

D’abord Hyacinthe de Chamfort qui connu le Roi-Soleil et construisit le château actuel vers 1705.

Ensuite Guichard de La Lignière qui affronta la Révolution et l’exil.

Enfin Oswald de Lomède, le conspirateur des Bourbons, l’ami de Vitrolles et du Comte d’Artois.

Afin d’éviter les confusions, nous vous précisons qu’il y a trois personnages portant le nom de Montalet et deux personnages portant le nom de de Lomède. Ce phénomène s’explique par la série des générations à travers les âges.

Nous vous prions de ne pas confondre également, Oswald de Lomède, le sixième personnage-portrait, avec son propre fils que certains habitants de Saint André ont connu et qui s’appelait également Oswald. La différence est que le premier était né en Courlande, près de la Pologne et devait son nom slave, Oswald, à l’exil, alors que le second était né à Saint André et était le fils d’Olympe Mélanie de Montalet avec lequel son père s’était établi conspirateur autrefois.

 

Nous précisons aussi qu’il ne faut pas confondre Angélique de Talleyrand, le saint archevêque de Reims qui devait plus tard devenir Cardinal, avec son étonnant neveu, tellement bien connu, un des plus grands ministres que le France n’ait jamais eu.

 

 

NDLR : Ce spectacle a été établi sur des bases historiques, telles que nous les connaissions en 1963, sans les sources nouvelles publiées depuis et accessibles en particuliers dans les fonds d’archives et sur internet. C’est pour quoi il ne faut pas prendre le texte comme une référence historique.

Il est en effet nécessaire de préciser certains éléments. Les notes qui suivent sont une explication nécessaire et indispensable.

 

 Note 1 

 1/Les Moines : Quand les moines sont venus créer un prieuré de Saint André, nos montagnes n’étaient pas un désert. Il y avait déjà une population, clairsemée, à preuve les noms des lieux en latin, alors même que le prieuré n’est pas créé. Donc une population antérieure à l’arrivée des Moines. Mais il est fort probable que autour de l’église prieuré un village s’est créé.

De même les Moines n’ont pas amené le châtaignier en Cévennes comme on le dit trop facilement. Aujourd’hui la plupart des historiens sont d’accord sur cela mais précisent que les moines ont très sûrement appris aux habitants la façon de cultiver et d’exploiter le châtaignier

2/ Odet de Villereine est un personnage créé de toutes pièces qui n’a jamais existé.

3/ La famille de Sauzet a bien existé et a eu de très nombreuses branches et descendances. Beaucoup de familles de Saint André ont un ascendant de Sauzet.

4/ Hyppolito de Montalet n’a jamais existé. Mais la famille de Montalet elle, a donné de nombreux responsables, notamment à Alès. Le château de Potelières était une de leur résidence. C’est dans ce château que s’est marié Maurice Louis Marie Delpuech de Lomède avec Mélanie de Montalet. Ils sont les parents d’Oswald Delpuech de Lomède. Les armoiries des Montalet sont sur le premier pilier de droite à l’entrée du chœur de l’église.

Les armoiries qui sont sur le pilier de droite, en face sont les armoiries des Tron de Bouchony et non celle des Delpuech de Lomède comme on l’a cru très longtemps.

4/ Oswald Delpuech de Lomède est le seul de ce nom contrairement à ce qui est dit dans le récit. Il n’y a pas eu deux Oswald. Et la famille Delpuech de Lomède n’a pas émigré. Aucun membre de cette famille n’est sur la liste des émigrés. Ceci est confirmé par le dictionnaire des Gardes du Corps sous Louis XVI de Gilbert Bodinier édition 2016.

5/ La famille de Chamfort était de fait une branche de la famille d’Assas,. Les d’Assas sont venus très tôt à Saint André et bien avant d’aller au Vigan ou sur le Causse. Ils détenaient un fief  ( voir note suivante) à Peyregrosse.

Claude d’Assas, dit le Loup du Causse est né à Saint André, probablement dans la vieille maison qui jouxte l’ancienne filature, en haut du village.  (voir le livre d’Adrienne Durant-Tullou « Le Loup du Causse »).  Une branche de ces d’Assas est devenue de Chamfort pour la distinguer d’une autre branche.

Il n’existe pas de Hyacinthe de Chamfort.

6/ Antoine Annibal Guichard de la Lignière, succède aux de Chamfort. C’est Gabrielle Marguerite d’Assas de Chamfort qui amène par mariage le fief de St André qu’elle tenait de ses ancêtres.

Guichard est devenu de La Lignière par anoblissement sous Louis XIV.

Devenu député de la Noblesse aux Etats Généraux puis à l’Assemblée Constituante, il n’a pas émigré. Il s’est retiré au Vigan d’où il était né et il s’est adonné à la poésie. Il est décédé en 1808 dans le chagrin de la mort de son fils, Antoine Jean Louis Guichard de La Lignière, qui lui avait émigré dès les lendemains de l’affaire qui est relatée ici en 1792, et qui, revenu en France, a été pris et guillotiné à Paris le 26 septembre 1794 à 24 ans.

5/ Les Delpuech de Lomède ont des origines sur la commune de Valleraugue et au hameau de la Coste. Ils ont racheté les biens et les revenus, anciens revenus du fief d’Assas, et se sont installés au Château actuel.

Leur première demeure était dans le village, le beau bâtiment dont on a de la peine à imaginer ce qu’il a été, car partagé en différentes habitations, dont l’ancien Café de France.  Au-dessus de la belle porte au début de la Grand’Rue il y a encore le D de l’initiale de leur nom de famille, Del Puech.

 

NDLR 

 

 Note 2 :

Fief : Le fief, appelé également tenure noble ou terre de noble tenure (car contrairement à une simple tenure elle exigeait un hommage au suzerain) désigne, durant les époques médiévale et moderne, un bien ou un revenu immobilier, le bénéfice, confié à l'origine en rétribution d'un service.

Le fief consistait en général durant l'époque féodale en une tenure, une terre concédée à un vassal (le feudataire), à la charge de la foi et hommage et, éventuellement, de quelques autres devoirs envers son seigneur. Cette pratique s'est développée au Moyen Âge suite à l'éclatement de l'Empire carolingien, et a ensuite présidé à l'établissement d'une aristocratie foncière.

Le mot, sans doute d'origine germanique (vieh, bétail, bien d'importance), est apparu dans le Midi à la fin du IXe siècle (fevum), avec peut-être une confusion avec le mot fiscum (qui désigne à l'époque carolingienne les grands domaines royaux), et une filiation avec beneficium, ce qui évoquerait l'origine « publique » du fief méridional (le beneficium désigne la concession d'une terre fiscale par un agent public en échange de services publics). Il s'étend ensuite aux autres formes de concessions vassaliques et se substitue au mot bénéfice.

Le fief est opposé à l'alleu, qui ne relevait d'aucun seigneur et au bien roturier qu’est la censive.

Si le fief est constitué, non d'une terre, mais des revenus de cette terre, le vassal, bénéficiaire du fief, est alors chasé sur une terre.

Fief noble : fief ayant haute justice, ou censive ou fief dépendant de lui ;

Dans les premiers temps, seuls les nobles pouvaient posséder un fief. Puis cette possibilité fut offerte aux roturiers (et gens de mainmorte) moyennant un droit (le droit de franc-fief) lorsque le fief était féodalement proche du roi. Ce droit était payable tous les 20 ans (au XVIIIe siècle) et lors des successions.

Les fiefs se partageaient cependant noblement à la quarte mutation (après le 4e hommage, dans une famille roturière, le fief était soumis au droit d’aînesse).

À défaut d’anoblir, la possession d’un fief influait cependant notablement sur la position sociale, et on voit même la convocation aux États Généraux de 1789 appeler au 2nd ordre les nobles possédants fief alors que les nobles non-possédants fief devaient avoir la noblesse acquise et transmissible.

Le seigneur dominant conservait un certain contrôle sur la mutation des fiefs qui relevaient de lui et :

– en cas de vente, il percevait le quint, c'est-à-dire un cinquième de la valeur du fief, payé par le vassal comme droit de vente ; si le quint était payé par l'acquéreur et non le vendeur, s'y ajoutait le requint, soit un cinquième du quint (total : 30 % de la valeur du fief) ;

– lors d'une succession, l'héritier « relevait le fief », c'est-à-dire qu'il s'acquittait du relief à son seigneur ; le relief témoigne de la reprise de l'obligation vassalique, et équivalait généralement à une année de revenus ; après le XIIIe siècle, il eut tendance à décroître, voire à disparaître pour les descendants directs.

Et lorsqu’il y avait plusieurs fiefs ou plusieurs propriétés, souvent le nom de la propriété était ajouté au nom de la famille et petit à petit on oubliait le nom de famille lui-même. Par exemple, une branche d’Assas, hérite du fief et des revenus de Chamfort et devient d’Assas de Chamfort, puis seulement de Chamfort. Seul l’aîné s’appelait alors d’Assas. C’était la branche aîné

 

Introduction de 1973 :


Nous vous présentons ce soir cinq personnages. Les deux premiers incarnent le Saint André des temps anciens, les trois derniers le Saint André des temps modernes.

Le temps qui nous est mesuré nous oblige à nous limiter dans le choix de nos tableaux d’outre-tombe. C’est pourquoi nous allons laisser dans l’ombre Ange de Sauzet, malgré le caractère étonnant de ce son personnage et le curieux relief de son époque.

Nous maintenons le personnage un peu légendaire du premier seigneur de Saint André pour faciliter la compréhension et pour la même raison Hyppolito de Montalet qui semble assurer la transition entre l’époque moyenâgeuse et les temps modernes.


Voici donc devant vous :

 

                   Odet de Villereine

                   Hyppolito de Montalet

                   Hyacinthe de Chamfort

                   Guichard de la Lignière

                   Oswald de Lomède

 

Au 12 e siècle, des Bénédictins partis d’Aniane sur les bords de l’Hérault, remontent cette rivière et viennent bâtir un couvent dans un endroit désert, sur les premiers contreforts de l’Aigoual. Ils défrichent le terrain et le cultivent. Des gens accourent petit à petit autour d’eux. Le village est né. 

ACTE I

 

Les origines du village

 

Sous le règne de Louis VII, l’arrière-grand-père de Saint Louis, dans l’antique abbaye d’Aniane, un soir de l’an 1072

 SCENE I : la prière du soir

Le Père Abbé

Le Prieur

Douze moines

 

Psalmodie

 

Père Abbé :                  Et maintenant, frères très chers, prions pour notre pape Innocent. Que Dieu le soutienne dans son zèle et sa foi ; le garde sain et sauf ; lui accorde de longs jours et une heureuse prospérité sur la terre. Qu’il lui donne de haler la pirogue de la Sainte Eglise jusqu’à l’escalier du port

Tous :                           Amen

Père Abbé :                  Prions aussi pour notre Roi Louis. Que Dieu lui accorde la Justice et le Jugement pour gouverner son peuple et la Force pour humilier ses ennemis.

Tous :                           Amen

Père Abbé :                   Prions encore pour nos bienfaiteurs, le Seigneur de Maguelonne ; n’oublions pas les pauvres, les prisonniers, les affligés, les pèlerins, les voyageurs, les malades et les agonisants, et aussi tous ceux qui ne sont pas chrétiens.

Tous :                           Amen

Père Abbé :                  Que tous ceux qui se sont endormis dans le Christ reposent maintenant dans la paix.

Tous :                           Amen

Père Abbé :                   Que le Dieu Tout-Puissant, Père, Fils, et Saint Esprit vous bénisse et demeure en vous à jamais

Tous :                           Amen

 

Tous sortent excepté le Père Abbé et le Prieur

 

SCENE II : La mission

 

Le Père Abbé

Le Prieur

 

Père Abbé :                   Frère Romuald, je voulais vous voir dans ma cellule, mais ici, devant Dieu qui nous regarde je puis bien vous dire ce que j’attends de vous. Vous allez partir avec sept d’entre vos frères, remonter l’Hérault et bâtir, en un lieu qui vous conviendra, un prieuré, selon les lois qui nous sont coutumières.

Prieur :                         Je suis heureux que vous me chargiez de cette mission. Je vous remercie, Mon Père, de m’en avoir trouvé digne. Je suis sûr qu’un village nouveau s’ajoutera bientôt à tant d’autres fondés déjà par nos frères, dans ces régions qui nous sont si chères.

 

                                     (ils se donnent le baiser de paix)

 

Père Abbé :                  Allez en paix et que Dieu vous protège. En souvenir de moi, vous lui donnerez le nom d’André.

 

 

 

 

 

Note 3 :

Un prieuré est un monastère, le plus souvent subordonné à une abbaye plus importante ; il est placé sous l'autorité d'un prieur, lui-même dépendant d'un abbé plus important. On appelle également prieuré le bénéfice paroissial, c'est-à-dire le revenu d'une paroisse, principalement la dîme.

Le terme de « prieuré » apparaît au XIe siècle pour désigner un monastère placé sous la dépendance d'une abbaye. Son nom vient du fait qu'on a donné au moine qui le dirigeait le titre de « prieur ». Ce titre était une dignité ecclésiastique, à l'origine il a été employé par saint Benoît comme simple synonyme d'« abbé » ; par la suite dans les abbayes ce titre a été attribué au second de l'abbé s'occupant de l'administration intérieure ; et enfin il a été en plus attribué au moine dirigeant un monastère sous sa dépendance, cette dernière acception ayant donné le mot de « prieuré »

Prieuré dépendant d’une abbaye :

Le prieuré est généralement un établissement religieux créé par une abbaye plus importante sur un domaine foncier qui lui a été donné ; il est desservi par des moines de cette abbaye qui en gèrent le temporel sur place et envoient les revenus à leur abbaye. Les prieurés sont dotés d'églises construites et entretenues par l'abbaye-mère. La règle en général appliquée est soit la règle bénédictine définie par saint Benoît, soit celle de saint Augustin. Il existe plusieurs types d'établissement prieural :  le prieuré dit simple ou rural, et le prieuré conventuel.

Le prieuré rural est sous la dépendance directe de son abbaye, qui soit a fondé celui-ci, soit l'a obtenu en donation.

Le prieuré conventuel (appelé en latin prioratus conventuali(s) voire monasterium selon les époques et les régions) est un établissement de taille plus importante, et pouvant compter sous sa dépendance directe d'autres prieurés ruraux, parfois jusqu'à une dizaine.

Le prieur est présenté soit par le « patron », c'est-à-dire l'ayant droit du fondateur primitif de l'église, soit par un chapitre de religieux, puis nommé par l'abbé dont il dépend. Il peut avoir avec lui un seul ou plusieurs dizaines de religieux.

Le nombre de moines d'un prieuré est très variable selon les époques et les lieux, depuis un seul desservant qui exerce les fonctions d'un vicaire, jusqu'à une véritable communauté monastique avec un cloître.

Toutefois lors du troisième puis du quatrième concile du Latran en 1215, il est fait défense absolue de laisser un moine seul dans un domaine, il doit toujours être accompagné de plusieurs frères.

De même au concile de Vienne, il est défini les solutions pouvant être apportées aux problèmes de revenus, que le prieur est ainsi habilité à augmenter, de sorte que deux moines puissent y vivre.

Prieuré-cure ou prieuré paroissial. C’est le cas de Saint André

Un prieuré-cure était une cure dépendant d’un monastère de chanoines réguliers, prémontrés ou autres. Les chanoines acceptaient les charges pastorales et de petits groupes de trois ou quatre formaient des communautés dans les paroisses. Plutôt que « cure », leur résidence s'appelait alors « prieuré ». La terminologie latine appliquée parle de "prioratus et cura" ou de "prieuré régulier à charge d'âmes".

À partir du IVe concile œcuménique du Latran (1215) qui interdit la création de nouveaux ordres et de nouvelles églises, les moines sont tenus de rentrer dans leurs cloîtres et la plupart de ces prieurés-cures sont sécularisés pour devenir des paroisses ou des succursales desservies par un prêtre nommé par l'évêque.

La nomination du desservant appartenait de façon générale au chapitre cathédral quand celui-ci en dépendait, ou éventuellement au prieur d'un prieuré conventuel quand celui-ci en dépendait. Dans le cas d'un prieuré rural, l'évêque nommait en principe le desservant de la cure. C’est la situation la plus courante et c’est celle de Saint André.

Le nouveau curé perçoit la dîme avec laquelle il est tenu d'entretenir les différentes œuvres de la paroisse, y compris le chœur de l'église. Les autres revenus ecclésiastiques sont administrés par un conseil d'habitants élus, appelé « fabrique » ou « conseil de fabrique ». Les membres du Conseil de fabrique, ancêtres des Comité de gestion de nos paroisses, siégeaient souvent dans un banc spécial, appelé « banc de fabrique » le plus souvent placé face à la chaire ou du moins à une place « bien en vue ». Ces bancs étaient parfois de très beaux ouvrages de menuiseries sculptés par des ébénistes très adroits.

Le nom de « prieuré » apparaît parfois dans la toponymie pour désigner des bâtiments utilisés ou ayant été utilisés par un ordre religieux.

À saint André il n’y a aucune raison historique ou géographique, ni aucune preuve, d’appeler « rue du prieuré » la rue de ce nom. Nul ne sait où était le bâtiment d’habitation des moines. Il est fort probable qu’il était tout près de l’église, à l’emplacement du presbytère actuel.

La rue à ce nom perpétue la mémoire du premier prieuré. C’est la seule justification du nom de cette rue.                                                                                                                         

 

Très vite le prieuré devient village et les bénédictins, selon leur habitude, essaiment de là pour aller ailleurs. Le village devient un fief dépendant du château de Sauve. Sous Louis VIII le Languedoc devient français et, pour la première fois, pendant la Régence de Blanche de Castille, un seigneur de Saint André prête allégeance au Roi

 

 

 

ACTE II

 

 


Odet de Villereine

Ou Le premier seigneur du château

 

Dans la salle des fêtes du château-fort de Sauve, un soir de 1228.

 

SCENE I : Le troubadour

La Régente Blanche de Castille

Le Seigneur de Sauve

Odet de Villereine

L’Evêque

Un troubadour

Trois personnages divers

 Le troubadour chante

 Le Seigneur :

Arrête troubadour ! il se fait tard et les torches s’amenuisent. ( A la Reine) N’est-il point gracieux ce jeune homme et sa voix n’est-elle pas charmante ? De quoi vous faire revivre votre Castille natale.

La Reine :

Vous savez, Messire Réginald, j’ai tout oublié de mon pays pour ne plus être que française ; mais c’est en Reine que je vous remercie pour l’agréable soirée que nous venons de passer dans votre château. Mais nos divertissements et nos jeux ne doivent pas nous faire oublier le serment de Monsieur de Villereine. ( Au Chevalier ) Approchez-vous jeune Chevalier. Faisons un eu de politique, nous l’avons tellement oubliée aujourd’hui !

 

SCENE II ; Le Serment

Les mêmes

 

La Reine :                    Vous êtes un bien gentil Chevalier Villereine, tout à fait taillé sur mesure pour gouverner ces bons cévenols de Saint André qui ressemblent tant aux Castillans de Valladolid : tête dure mais bon cœur. Promettez-moi de toujours rester fidèles à la Couronne, de bien gouverner votre fief, de respecter et d’aimer votre suzerain Messire Réginald de Courtenai de Sauve, ici présent.

Villereine :                   Je le promets, foi de Chevalier, et Dieu vous soit en aide toute la vie.

L’Evêque :       Jurez-le sur les Saints Evangiles

Villereine :                   Je le jure

La Reine :                    Vous avez juré Villereine, foi de Chevalier. Messires, vou êtes tous témoins et caution de son serment !

 Acclamations ! Vive le Roi

 

Es siècles passent. Le terrible Louis XI règne maintenant sur la France. C’est le renard que le duc de Bourgogne a élévé dans sa basse-cour et qui va lui dévorer ses poules.

Le fils unique d’un seigneur de Saint André est page de Monseigneur le Duc d’Alençon. Curieusement il devient un jour l’ami de Louis XI.

  

ACTE III

 


Ange de Sauzet

Ou Au temps du Roi Louis XI

 

SCENE I : le rôti volé

Le bourgeois Maître Bousquet

Dame Léonarde sa femme

Gilène leur fille

Louis XI

Commines

Tristan

 Un intérieur de salle à manger bourgeoise.

 Louis XI :                    Bonjour Compère. Ce soleil et froidure de novembre m’a mis en appétit. D’ailleurs je suis pressé, très pressé. Mangeons la soupe ! ( Il enlève son manteau)

Bousquet :                    Ah Sire ! c’est que ..

Dame Léonarde : Sire, un hardi luron vient de voler les broches et les bécassines          préparées pour Votre Majesté.

Gilène :                       C’était  un page de Monseigneur le Duc d’Alençon…. Ange de … Sauzain.. non.. Ange de Sauzet

Louis XI :                    Bah ! je ne suis pas un grand festoyeur comme mon cousin de Bourgogne. A la fortune du pot !

Bousquet :                   Hélas, Sire ! il nous a enlevé jusqu’aux marmites.

Louis XI :                    Ne gémissez pas tant, compère. Qu’on me raccole vivement une tranche de pâté froid, un fromage, le tout arrosé de quelques verres de bon vin. J’espère qu’on n’a pas dévalisé aussi votre cave !

Bousquet :                   Non Sire.

Louis XI :                    Alors très bien. Il faut savoir se contenter du possible n’est-ce pas ? A propos, n’oublions pas notre larron. S’attaquer à mon appétit ! … Pâques Dieu ! qu’on le rattrape et qu’on le pende pour lui apprendre à respecter au moins le menu du Roi. ( Tristan sort – Louis XI se met à table) Asseyez-vous à côté de moi compère Bousquet, ces dames prendront place à nos côtés. Leurs frais visages remplaceront vos rôtis disparus ; on aimerait y mordre à belles dents.

Dame Léonarde et Gilène : Mais non Sire …

Bousquet :                   Laissez-les, en un tour de main elles nous trousseront quelques petits plats de ménage qui peut-être remplaceront avantageusement les rôtis volés. Dame Léonarde excelle surtout à certaines crèmes fouettées dont on se lèche les doigts. Quelques minutes, Sire, et tout va être réparé.

Louis XI :                    Bravo ! j’aime la simple et bonne cuisine bourgeoise. Il eut même beaucoup mieux valu n’en pas préparer d’autre. Mais voilà les grands seigneurs prétendent agit en Roi ; les bourgeois en grands seigneurs. Dangereux et sot orgueil ! Maître Bousquet, vous êtes puni par où vous avez péché. Que chacun garde son rang. Voila ! C’est comme cette orfèvrerie princière que voila sur votre table. Elle n’est vraiment pas à sa place ; surtout en ce moment où vous n'avez même plus de quoi la garnir. Oh ! Oh ! A la fonte elle vaudrait au moins mille louis. J’ai besoin d’argent. Puisque je n’ai pas de fricot, baille-moi la vaisselle.

Bousquet :                   Quoi ! … Sire.. vous ne dédaignerez pas une si mince offrande ! …

 

SCENE II : Un jeune luron

Les mêmes

Tristan qui ramène le jeune luon Ange de Sauzet

 

LouisXI :                     Ah voilà notre larron

De Sauzet :                  Non pas Sire, mais Ange de Sauzet, page de Monseigneur le Duc d’Alençon, votre cousin. Vous me connaissez un peu. J’ai rimé des vers devant vous à Loches, et vous m’avez nippé des pieds jusqu’à la tête.

Louis XI :                    Il parait que ta reconnaissance n’a pas plus duré que tes habites. Je veux être inexorable. Tu allais me réduire au pain sec, un crime de lèse-majesté…

De Sauzet :                  Ah Sire ! j’ignorais que ce fut le repas de Votre Majesté. Je vous rappelle que la clémence est une vertu royale. Non plus qu’il est deux sortes de personnages auxquels on ne doit jamais toucher, le bourreau : les poètes et les Rois.

Louis XI :                     Il me semble que tu devrais nommer les Rois avant les poètes, effronté ! Mais comme tu me plais !...

                                   Je t’emmène avec moi. Tristan, pour ne pas t’en aller les mains vides, emporte-moi toute cette orfèvrerie si gracieusement offerte par maître Bousquet.

 

SCENE III : Le pacte royal

 

Louis XI

De Sauzet

Tristan

 

La scène se passe dans un appartement de château au bord de la Loire.

 Louis XI :                    Te voila seul avec moi de Sauzet. Sais-tu que je suis un mauvais maître ?

De Sauzet :                  Pour les grands ducs, mais non pour les petits qui vous aiment bien. Les autres princes ne sont pas comme vous. Ils sont fiers et orgueilleux. Vous, vous êtes le meilleur de tous.

Louis XI :                    Vas -tu me faire des courtisaneries ? Aïe ! … Je me brûle... C’est ta faute, paillard ! … Connais-tu bien mon plus grand ennemi ?

De Sauzet :                  Oui. Le principal, cest celui chez lequel vous vous êtes réfugié jadis à l’époque où votre père disait : » Le Duc de Bourgogne élève chez lui un renard qui lui dévorera ses poules ».

Louis XI :                    Eh bien ?

De Sauzet :                  Eh bien Sire, les poules n’ont qu’à bien se tenir. Je vois ici des dents qui s’apprêtent à les croquer.

Louis XI :                    Et tu serais homme à leur tordre le cou ? …

                                   Assieds-toi plus près de moi, là, que je te touche. Veux-ty être à moi ? Totalement à moi ? Epouser mes querelles à venir ? Être prêt à ruiner ou à détruire chacun de mes ennemis et quiconque ? L’univers entier pour moi seul ?

De Sauzet :                  Avec plaisir Sire

Louis XI :                    Jure, jure ! ( de Sauzet jure ) Sauve-toi maintenant par la fenêtre et n’oublie pas que tu vas passer par la mort. ( de Sauzet saute par la fenêtre) .       

Louis XI :                    Je devine ce soir que je puis éteindre ma lanterne. Pâques Dieu, j’ai trouvé un homme. ( Il va à la porte)

                                   A l’aide, à l’aide ! Le paillard s’enfuit avec mon manteau. Aux arcs, aux arquebuses ! qu’on tire sur lui : qu’on le tue !

Tristan :                       (il arrive) Faut-il lancer les canaux à sa poursuite pour s’assurer au moins…

Louis XI :                    Inutile ! Nous régalons assez souvent les corbeaux. C’est le tour aujourd’hui des poissons. Il faut que tout le monde vive.

SCENE IV : L’homme de main du Roi

Louis XI

De Sauzet

 

Louis XI :                    Te voila compère ! Eh bien, la bataille … ?...

De Sauzet :                  Déroute complète Sire

Louis XI :                    Quoi ! les Suisses …

De Sauzet :                  Ah que non ! l’armée de Téméraire. Complètement détruite ! Ses soldats, ses hérauts tués, ses drapeaux pris, son artillerie, ses richesses. Sa tente a été pillée.

Louis XI :                    Quoi ! sa tente d’audience où les princes ne rentraient qu’en tremblant, des rustres s’y sont vautrés sans cérémonie ! Sa chapelle, ses précieux saints de Bourgogne avec leurs chasses et leurs reliquaires ! Ses draperies de velours, d’or et de soie ; ses diamants, ses rubis, son collier de la Toison d’O ; tout cela manié, montré, Sali, moqué ! Ah ! Ah ! la plaisante chose ! Oh le lion qui se change en lièvre ! Le lion de bourgogne devenu un rat ! Un rat comme ceux que je fais chasser par mes chats ! Ah ! le rat de Bourgogne ! …

Oh ! j’en suis vraiment désolé pour ce pauvre cousin. Un si digne parent ! presque un frère ! Ah que non je ne me réjouis pas ! Saint Vierge de Cléry, oh ma Bonne Dame d’Embrun, pardonnez-moi. Consolez-le dans ses disgrâces ce pauvre cousin de Bourgogne. Mais pour son propre bonheur faites que jamais il ne s’en relève.

                                   Ah je vais te récompenser, va ! Tu vas voir. Mais … quoi ? tu es pâle ! Tu                                                chancèle… !...

De Sauzet :                  Sire, voila quatre jours que je chevauche…

Louis XI :                    Ciel ! Vite un lit ! Pâques Dieu vite ! Tâche de dormir car ce soir nous soupons ensemble .  



Maintenant la nuit semble descendue sur la France avec les querelles religieuses qu’exploitent les ennemis de l’Etat. La seigneurie de Saint André est donnée par la Régente Catherine de Médicis, à Hyppolito de Montalet qu’elle avait emmené dans sa suite de gentilshommes florentins, lors de son mariage.

Au château d’Amboise, en l’année 1560, se tiennent les assises des Etats Généraux.

Dans la grande salle des Etats, depuis des heures, les députés discutent et se disputent sous l’œil attentif de la Régente, la Reine Catherine de Médicis.

Le petit François II s’est endormi sur son trône.

Hyppolito de Montalet, officier des Gardes du Corps de Sa Majesté, veille à quelques pas.

  

ACTE IV



Hyppolito de Montalet

Ou  Un garde du Corps du Roi


SCENE I : Les Etats Généraux d’Amboise s’achèvent

Catherine de Médicis

François II

Hyppolito de Montalet

Les Députés

 

Dans la salle des Etats

 

Poème :

 

                                   Amboise, Blois, Chambord, Fontainebleau, Florence,

                                   Pleurez avec les cerfs au cœur chenu des bois

                                   Car les lys des Valois, au Royaume de France

                                   Se fanent pour toujours et se sèchent avec moi.

 

                                   Le petit François Deux, au colloque d’Amboise

                                    S’endort dessus son trône, près de la Reine en noir

                                   Quand les députés las jouent les ombres chinoises,

                                   Et trament un complot aux ténèbres du soir.

 

                                   Dans la salle aux Etats, où l’ombre et la lumière

                                    S’enlacent et s’étranglent, naissent et meurent à la fois,

                                   L’enfant a entrouvert ses pesantes paupières

                                   Et écoute lointain le bruit sourd de leurs voix.

 

                                   Oh ! le gosse ingénu au visage d’ivoire,

                                    Avec ses yeux plus noirs que le jais le plus pur !

                                   Les siècles essoufflés qui halètent à la gloire

                                   Effleurent avec les torches aux arêtes du mur.

 

                                   Ambois, Blois, Chambord, Fontainebleau, Florence,

                                   Pleurez avec les cerfs au cœur chenu des bois,

                                   Car les lys des Valois, au Royaume de France,

          Se fanent pour jamais  et meurent avec moi.

 

 SCENE II : La conjuration

Les mêmes     

 

La Reine :                    Hyppolito, ces discussions sont byzantines et ces colloques stériles. Mais nous n’avançons pas d’un pouce ! Et nous sommes là depuis des jours ! Cependant quand on ne peut tailler et coudre, il faut savoir se contenter de ravauder.

Montalet :                    Hélas, Madame ! je crains beaucoup que nous ne respirions ici le même air que dans la Cathédrale de San Lorenzo, à Florence, lors de la conspiration odieuse des Pazzi, tramée contre votre illustre grand-père.

La Reine :                    Des traites, Montalet ! oui des traites ! Les questions religieuses ne sont pour eux que des prétextes d’affaiblir l’autorité de l’Etat. Mes oncles papes, Léon et puis Clément, n’ont cessé de le dire : » Catholiques, vous n’êtes plus chrétiens puisque vous persécutez et tuez vos frères. Protestants aussi qui rendez le mal pour le mal. Vous n’êtes pas des disciples du Christ » . Nous deux religions sont des pirogues aplaties qui tournent éperdues sur l’océan, en rond. Il n’y a plus de voile car il n’y a plus d’amour. Si la voile était l’amour, Dieu, lui, serait le vent… J’ai la vue faible, Montalet, mais je vois partout que des huguenots… Les catholiques sont lassés depuis longtemps. Il n’est plus prudent de rester.

                                   (un député huguenot montre le Roi du doigt)

Montalet :                    (Il dégaine son épée) A moi ! Traitres ! assassins ! à l’aide !

                                   (à la Reine) Sauvez, sauvez le Roi !

                                   (La Reine sort en protégeant le Roi. Montalet se bat contre les conjurés Il est blessé mortellement)

 

SCENE III : La dernière entrevue de la Reine et d’Hyppolito

Montalet (étendu sur un lit de camp)

La Reine Catherine de Médicis (elle entre et vient s’asseoir à son chevet)

 

Quelques heures plus tard …

 

La Reine :                    « Monte…Alet, sur les étoiles pout t’asseoir. » Telle sera désormais ta devise, Hyppolito ! et non seulement « Monte… Alet ». S’asseoir sur les étoiles comme sur des carreaux, pour l’éternité ! … Cela aurait fait rêver mon grand-père Laurent le Magnifique, ou mon oncle Léon X.

Montalet :                    Les étoiles du ciel, Madame, sont moins belles assurément que vos yeux étrangement violets comme ceux de tous les gens de votre race ; ceux de votre couin et ami, mort la-bas en Sicile, et ceux de notre petit Roi. Oh ces longs yeux violets, sous ces longs cils, plus longs que ceux des jeunes filles. Dieu va être mon juge, mais je ne crois pas que si corps il a, il pisse être plus beau qu’un jeune homme de votre race.

La Reine :                    Oh la plaisante chose ! Tu sais bien que nos yeux sont des yeux de myopes, et tu espères, malin, que Dieu aura ces yeux-là pour te juger. Il a bien des choses à te pardonner ! Souviens-toi : les narcisses… l’Arno…le sable... les arbres à grenade et les arbres à coings… Pour toi aussi je veux espérer qu’un jour aura les yeux de mon oncle Clément VII que la ville de Rome toute entière vient de porter au tombeau en disant : » Vero tu clemente di nome e di fatto ! ». Mais je cois demeurer encore longtemps pour veiller en vestale sur la monarchie d’Hugues Capet, et pour bercer la France malade sur mes genoux. Puis un jour nous nous retrouverons…Adieu, Hyppolito, les Rois ne doivent point voir la mort en face… et je suis bien un peu le Roi .

                         

Hyppolito de Montalet est mort, emporté dans la guerre civile, et un après l’autre, tous les enfants de Catherine de Médicis ont passé. En eux s’est éteinte la race unique des Valois ; le sang de Léon X et de François 1er.E t Saint André lui aussi disparait dans la tourmente religieuse que n’a apaisé que maladroitement Henri IV. Sous Louis XIII en effet, le terrible duc de Rohan réduit en cendres le village trop fidèle à son Roi et à son Dieu.

Mais après cette destruction Saint André renait de ses cendres de par la volonté de ses habitants, un moment cachés dans les rochers, et il devient de nouveau riche et prospère sous Louis XIV.

 

 

ACTE V



Hyacinthe de Chamfort

ou Un contemporain du Grand Roi

 

 

En 1704, dans son château en construction, Monsieur de Chamfort reçoit le Maréchal de Montrevel et le duc de Bervic, tous deux chargés de faire appliquer l’abrogation de l’Edit de Nantes.

 

 SCENE I : Une réception aux chandelles


Hyacinthe de Chamfort

Monsieur de Montalet

Monsieur de Montrevel

Monsieur de Bervic

Monseigneur de Saulx

 

De Chamfort :                        Soyez le bienvenu, Monsieur de Montrevel, dans ma maison qui, comme vous le voyez, n’a point encore son toit. Mais j’ouvre toutes grandes les portes à votre seigneurie. Je suis si heureux d’avoir pour hôte un des premiers familiers de mon Roi.

Montrevel :                             Le Roi lui-même sera flatté, Monsieur de Chamfort, quand il saura quel accueil m’a réservé votre village.

De Saulx :                               Ces bonnes gens étaient si heureux, les uns de me recevoir pour la première fois, les autres de retrouver la foi de leurs ancêtres, qu’ils ont dételé les six chevaux de mon carrosse et l’ont conduit de leurs bras, du dernier tournant jusque sur la place de l’église.

De Bervic :                              (rentré depuis un moment) N’en déplaise à votre grâce, de Saulx, sans cette longue épée et sans Monsieur de Montrevel, je crois bien que vous auriez pu encore fouetter vos chevaux. Bon nombre de ces gens sont des huguenots. Je crois bien qu’ils vous eussent mis à la torture ou au pilori. Qui Sait ? … Peut-être se seraient-ils tressés des moustaches avec vos boucles poudrées, et des cordes avec vos boyaux…

De Saulx :                               Ah ! Monseigneur le Duc, vous me donnez des frissons !

De Chamfort/                        Allons ? allons ! Votre Grâce n’a rien à craindre dans mon château, surtout avec la présence de Monsieur de Montrevel, le bras droit de Sa Majesté Très Chrétienne, Notre Glorieux Roi. Monsieur le Duc de Bervic veut seulement nous prouver qu’il est écossais et de la race auguste des Stuarts !

Montrevel :                             Hélas, je crains que Bervic, bien qu’écossais, ne connaisse vos Cévenols mieux que vous, Monsieur de Chamfort. Il faut toujours prendre garde aux démonstrations trop bruyantes de ces manants. Ce sont des renards : ils jouent souvent la comédie.

Montalet :                               Monsieur le Maréchal, dès demain nous mettrons bon ordre aux affaires religieuses de ces lieux. Mais en attendant souffrez de vous mettre à table et de faire honneur au succulent repas que Monsieur de Chamfort veut bien nous offrir à tous. Vous allez sans doute apprécier davantage les talents des gens de Saint André. Ils ont préparé ce menu de leurs mains. Et pour vous, Monsieur de Bervic, je tâcherai de vous convaincre à longueur de nuit puisque vous allez désormais coucher chez moi.

De Saulx :                               Ventre affamé n’a point d’oreille. Il était temps de songer à notre bouche. La gourmandise est un péché mignon. Sur cela Léon X était d’accord avec Luther.

 

SCENE II : Un recensement laborieux

 

Les mêmes

 

Et le surlendemain dans le même château

 

De Chamfort :                        Monseigneur, le recensement est établi. Deux mille cinq cents personnes, hommes, femmes et enfants. Tous ont affirmé être catholiques.

Montrevel :                             Je connais les huguenots. Un grand nombre de vos gens appartiennent sans doute à cette Religion Prétendue Réformée. Ce sont des hypocrites et des fourbes ! Il me faut un stratagème pour les obliger à se démasquer… Ces rustres sont des renards, mais je suis plus malin et bien plus renard qu’eux... (il réfléchit) … ah ! voilà ! . J’en connais un excellent, Messieurs. C’est de les obliger tous à mettre au badigeon de chaux sur leurs portes, le signe de la croix de Notre Sauveur Jésus-Christ. Que tous les habitants reçoivent cet ordre. Les huguenots nous apparaitront vite car ils refuseront de le faire : ils rejettent toute représentation et toute image dans leur prétendue religion.

De Saulx :                               Monsieur le Maréchal, mais c’est excellent ! D’autant que nous rejoignons l’Ecriture. Au livre de l’Exode, il est dit : « Et les enfants d’Israël seuls, marquèrent les portes du sang de l’agneau, d’un signe particulier. » Et Monsieur de Bervic sera l’ange exterminateur, j’espère.

Bervic :                                   Votre grâce est vraiment toute grâce.

Montrevel :                             Tenez, pour commencer, je marque au vin blanc la porte de Monsieur de Chamfort.

Montalet :                               A la bonne heure ! car j’en eux appelé au Roi. Je ne pouvais en gentilhomme accepter cet affront.

Montrevel :                             Je sais, Montalet, que votre famille affiche depuis Catherine de Médicis de s’asseoir sur les étoiles. Mais ni vous, ni Chamfort, ni Sauzet n’êtes soumis à mon ordonnance.

Montalet :                               Ce n’est pas tout, Monsieur le Maréchal. Pas de violence. Pas de tortures aux récalcitrants. Ils feront amende honorable. C’est le désir du Roi d’ailleurs. Avec Chamfort et de Sauzet nous les convaincrons. Ils accepteront tous la croix blanche sur leurs portes et la religion romaine, car ce qui caractérise ces braves gens avant tout, c’est une sorte de religion envers nous, une confiance absolue dans leurs nobles. Ils sont têtus, comme moi d’ailleurs, et plusque moi-même, comme des mulets ! et qui les violente rien n’en tire.

Montrevel :                             Monsieur de Bervic est trop intime avec vous pour être d’un autre avis, Montalet. Moi, j’accepte. Donc à votre désir, pas de violence, la persuasion. ( A de Saulx) Votre Grâce doit trouver cela tout à fait évangélique.

De Saulx :                               Monsieur de Montrevel, n’oubliez pas de parler de moi à Sa Majesté lorsque vous le verrez à Versailles.

Montrevel :                             Je le ferai bien sûr. Votre Grâce est une si charmante 

 

 

Note 4 :


François Chevalier de Saulx (né en 1643 et décédé le 27 octobre 1712 à Montpellier1) est un prélat, évêque d'Alais. Né à Latille (86) en 1643 au château de Sceaux, issu d'une ancienne famille noble du Poitou, docteur en théologie, diplômé de la Sorbonne en 1678

 

Nicolas Auguste de La Baume, marquis de Montrevel, né le 23 décembre 1645 à Paris où il est mort le 11 octobre 1716, est un militaire français. Maréchal de France, il est également connu sous le nom de maréchal de Montrevel.

Fils de Ferdinand de La Baume, comte de Montrevel, lieutenant-général des armées du roi, gouverneur des provinces de Bresse et de Bugey, et de Marie Olier-Nointel, il est issu de la famille noble des La Baume, originaire de la Bresse.

Élevé à la Cour avec les enfants d'Henri de Lorraine, comte d'Harcourt, grand écuyer de France. Lorsque le Roi arma pour la guerre d'Italie, après l'« affaire des Corses », une compagnie de cavalerie lui est confiée.

Une affaire d'honneur qui lui arrive à Lyon, et dont il sort deux fois vainqueur, l'oblige de sortir du royaume.

Faits militaires et campagnes

II y revient en 1667, et se distingue aux sièges de Douai, de Tournai, de Lille et à celui d'Audenarde en 1667 pendant la guerre de Dévolution. L'année suivante, il est blessé d'un coup de mousquet à la cuisse en dégageant un convoi que les ennemis avaient enveloppé au Pont-d'Espières. Il est un des premiers qui se jette dans le Rhin, lorsque l'armée française le passe en 1672. II y reçoit plusieurs blessures, entre autres, un coup de sabre au visage.

Guerre de Hollande

Ses services lui valent d'être placé à la tête du régiment d'Orléans-Cavalerie, qu'il commande avec distinction, pendant les guerres d'Allemagne sous le maréchal de Turenne, et pendant la guerre de Hollande. En particulier à Seneffe, au secours d'Audenarde, au siège de Maastricht, et à Turckheim. Il est fait ensuite colonel du régiment Royal-Cavalerie.

Il contribue à chasser les ennemis d'Alsace et Louis XIV lui donna la charge de lieutenant du roi en Bresse, Bugey, Valromey et pays charolais sur la démission de son père. Il sert comme mestre de camp dans les campagnes de Flandres aux sièges de Condé et d'Aire ; il est fait brigadier de cavalerie en 1677. II se distingue à Cassel, et est fait Commissaire-Général de la cavalerie. Il suit le roi aux sièges de Gand et d'Ypres.

Guerre des Réunions

Il se trouva en 1684 au siège de Luxembourg et sert encore à la bataille de Fleurus et à la prise de Namur. Il est fait maréchal de camp en 1688 et servit sous les maréchaux d'Humières et de Luxembourg.

Guerre de la Ligue d'Augsbourg

Il devint lieutenant général en 1693, et commande, en cette qualité, des corps séparés, et est chargé de garder la frontière tous les hivers pendant cinq années. Nommé gouverneur de Mont-Royal, il fait les campagnes d'Allemagne et de Flandres sous les ordres du Grand Dauphin.

Guerre des Cévennes

Il est revêtu de la dignité de maréchal de France le 14 janvier 1703. La même année, il part en Languedoc comme commandant en chef en remplacement du comte de Broglie à la tête des armées de Louis XIV chargées de la répression contre les camisards. Il se fera remarquer par des massacres contre la population, la déportation et le « brûlement des Cévennes » (466 villages et hameaux détruits en Cévennes entre octobre et décembre 1703). Ces massacres auront l'effet inverse de celui souhaité. Le 21 avril 1704, il est remplacé par le maréchal de Villars.

Fin de carrière

Il partira ensuite en Guyenne à la place du marquis de Sourdis jusqu'en 1716, date à laquelle il est envoyé en Alsace puis en Franche-Comté. Il est nommé chevalier du Saint-Esprit lors de la promotion du 2 février 1705.

À sa mort, à l'âge de soixante-dix ans, il est inhumé dans l'église Saint-Sulpice. Sans enfants de sa première femme, Isabelle de Veyrat-de Paulian, dame de Cuisieux, qu'il avait épousée en 1665, fille de Jean, seigneur de Paulian, et d'Isabelle de Saint-Gilles. Il s'agit du troisième mariage de son épouse qui était déjà veuve d'Augustin de Forbin, seigneur de Souliers, et d'Armand de Crussol, dit le Comte d'Uzès.

Il a un seul enfant, Henri de la Baume, de sa seconde épouse.

Armoiries

D'or, à la bande vivrée d'azur.

 

Jacques Fitz-James, duc de Berwick

Jacques Ier Fitz-James, duc de Berwick, né à Moulins, dans le Bourbonnais, le 21 août 1670 et tué le 12 juin 1734 au siège de Philippsburg, est un militaire français des xviie et xviiie siècles. Fils naturel du roi Jacques II Stuart, il est fait maréchal de France en 1706.

Famille et origines

Jacques Ier de Fitz-James est la souche de la famille de Fitz-James, qui, originaire d'Angleterre, devint française avec sa naturalisation.

Il est le fils naturel de Jacques II Stuart, roi d'Angleterre et d'Écosse, et d'Arabella Churchill, sœur de John Churchill, duc de Marlborough.

En 1703, il est naturalisé français.

Titres et fonctions

Jacques Fitz-James est duc à brevet dès 1687, Grand d'Espagne en février 1704, commandant en Languedoc le 14 février 1705, maréchal de France le 15 février 1706, duc-pair en mai 1710. Il reçoit le titre de 36e gouverneur du Limousin le 17 avril 1708 il se démet du titre le 1er octobre 1718 en faveur de son fils Jacques mais il est maintenu dans la fonction par commission. Il est nommé membre du Conseil de Régence le 3 mars 1721.

Carrière militaire

Il fait ses premières armes en Hongrie, et assiste au siège de Buda en 1686. Il prend après la révolution de 1688 une part très active à toutes les tentatives qui sont faites pour replacer son père sur le trône, se fait naturaliser Français quand sa cause devient désespérée. Ce brillant officier s’engage alors au service de la France.

Guerre de Succession d'Espagne

Il sert sous Luxembourg et Villeroy, et développe de grands talents militaires. Louis XIV lui confie en 1704 le commandement des troupes françaises en Espagne ; l'année suivante il l'envoie contre les camisards du Languedoc.

Il est fait maréchal de France en 1706 et envoyé de nouveau en Espagne. Lors de la guerre de Succession d'Espagne, il rétablit la situation en faveur de Philippe V en infligeant des défaites aux Austro-Anglo-Portugais, notamment à Almansa (1707) qui rendit à Philippe V le royaume de Valence (dernière bataille où une armée française commandée par un général anglais affronta une armée anglaise commandée par un général français - Henri de Massue, émigré huguenot en Angleterre).

Puis, de 1709 à 1711, il maintient les frontières sud-est de la France dans le Dauphiné et la Savoie, ce qui permit à la France de reporter ses efforts sur la frontière nord-est. Lors du traité d'Utrecht, en 1713, il convainc Louis XIV de demander l'annexion de la vallée de l'Ubaye, pour renforcer la frontière française des Alpes. En 1714, il prend Barcelone. La guerre s'étant rallumée en 1719, il enlève aux Espagnols Fontarabie, Urgell et Saint-Sébastien.

Guerre de Succession de Pologne

En 1733, il reçut le commandement de l’armée du Rhin lors de la guerre de Succession de Pologne. Il trouva la mort en inspectant une tranchée, la tête emportée par un boulet lors du siège de Philippsbourg.

Mariages et descendance

Le 26 mars 1695, Fitz-James épouse Honora de Burgh (ou Burke, de Bourke) (1675–janvier 1698), dans la chapelle royale de Saint-Germain-en-Laye2. Elle est la fille de William de Burgh, 7e comte de Clanricarde (en), et la veuve de Patrick Sarsfield, 1er comte de Lucan (en)2. Ils ont un fils2 :

James Fitz-James Stuart (2e duc de Berwick) (21 octobre 1696–1738), qui utilise le titre de courtoisie de « comte de Tinmouth » jusqu'à ce qu'il reçoive le titre de duc de Lleria et Jérica (noblesse espagnole) de son père en 17162. Il se marie en 1716 avec Dona Catarina de Portugal, sœur et unique héritière du duc de Veragua.

En secondes noces, le 18 avril 1700 à Paris, il épouse Anne (v. 1675–1751), fille de Henry Bulkeley, intendant en chef de la Maison royale de Jacques II d'Angleterre.

 

  

Un bond à travers le temps. LouisXIV et Louis XV ont régné. Louis XVI aussi, presque. C’est presque maintenant la Révolution. Saint André, à part une ou deux familles, demeure fidèle à ses notables. Ils sont alors trois :

            -Guchard de la Lignière

            - Louis Maurice de Lomède

            - Ange de Montalet

Les évènements qui se précipitent en France amènent les Sans-Culotte des villes dans les environs.

La Révolution qui n’épargne rien, après avoir renversé le trône, part à l’assaut des couvents, des églises et des châteaux.


ACTE VI

 


Guchard de La Lignière

Ou Aux Heures de la Révolution


NDLR : cette scène est une reconstitution assez fidèle, mais il faut préciser qu’elle a eu lieu le vendredi 3 avril 1792 qui était le Vendredi saint cette année-là et non en novembre.

C’est le château du Mercou qui a été attaqué, il n’est pas du tout sûr que le château du Rey l’ai été lui aussi .

Le Mercou était sur la route qui de Ganges passait par Sumène et arrivait à Pont d’Hérault. En effet si ce château parait aujourd’hui éloigné de la route actuelle, la route par la gorge de l’Hérault et le confluent de la Vis n’existait pas.

Le prieur en question est celui du Château de Saint Julien de la Nef à l’entrée de la gorge sur la rive droite de l’Hérault. Le prieur a été précipité du haut du rocher dans le grand virage de la route actuelle, au lieu-dit : « saut du Capelan », (entre Ganges et St Julien de la Nef)

Valette était curé de Saint André et il avait prêté le serment à la Constitution.

Monsieur Delpuech de Lomède habitait dans sa maison au début de la Grand’rue là où le portail porte encore la grille en fer forgée avec la lettre « D »

La présence de Monsieur de Montalet n’est pas prouvée.

Monseigneur de Bausset est l’évêque d’Alès de l’époque. Il  deviendra Cardinal et académicien.


SCENE I : Un soir de Novembre au château

Monsieur de la Lignière

Anaïs

Un paysan

 

La Lignière :                Je vous remercie Anaïs, vos confitures sont délicieuses. Il n’y a que vous pour savoir me régaler de la sorte.

Anaïs :                         Monsieur est vraiment trop bon… Mais dites-moi, est-ce vrai qu’il n’y a plus de Roi en France ?

La Lignière :                C’est aussi vrai Anaïs, que je suis là devant vous et que votre confiture est de la confiture de pastèques Mais pourquoi cette question ?

Anaïs :                         Parce que s’il n’y a plus de Roi, alors c’est fini Monsieur, tout est perdu ! Julma prétend que c’est le commencement de la fin du monde, l’abomination de la désolation survenue deux fois à Jérusalem, le 10 août aussi. Les étoiles du ciel vont tomber sur nos têtes !

La Lignière :                Anaïs, rassure-toi. Oui les étoiles du ciel chutent ces temps-ci. Mais à Saint André on ne risque rien. Nous sommes si loin de Paris. Monsieur de Lomède et Monsieur de Montalet le savent si bien qu’ils ont décidé de passer l’hiver dans leur gentilhommière, contrairement à leur habitude.

Anaïs :                         Monsieur de Lomède était avec vous aux Etats. Vous avez vu Louis XVI, la Reine, le Dauphin… Monsieur de Montalet est tout jeune. Son père est tombé sur le grand escalier des Tuileries le 10 août.

La Lignière :                Oui Anaïs, et son sang a giclé sur les culottes du Duc de Choiseul.

Anaïs :                         Sainte Vierge ! Il n’était point un traitre comme tant d’autres qui abandonnent tout et s’en vont.  (on sonne)

La Lignière :                Anaïs, laisse-moi, quelqu’un vient.

Un paysan (essouflé)   Monseigneur… Monseigneur…

La Lignière :                Eh bien ! qu’arrive-t-il ? Parle ! …

Le paysan :                  Les Sans-Culotte… ils arrivent… Ils montent par la vallée. Ils ont pris le château du Rey, écorché vif et pendu Monsieur le Comte, assommé à coups de gourdin le prieur de Saint Julien.

La Lignière :                Es-tu sûr de ce que tu dis ?

Le Paysan :                  Sûr Monseigneur. Ils les ont même jetés à l’Hérault. Faut nous défendre contre ces brigands. Venger notre Roi Louis XVI ! Faut résister dans votre château comme la fois du traître Rohan, tous ensemble !


SCENE II : Le parjure

La Lignière

De Lomède

De Montalet

Le Curé Valette

Le paysan

 

De Lomède :               (arrivant avec de Montalet) Je crois bien que c’est à notre tour aujourd’hui ! Heureusement nos gens sont là ! Pas une nous a abandonné. ( le curé Valette entre) Mais c’est l’intrus !

La Lignière :                Quoi ! vous ici ! dans ma maison ! après plus d’un an que je vous boude !

Valette :                       Oui, moi-même, et je vous supplie, Messires, d’obtempérer aux désirs de ces étrangers et pour l’amour de Dieu d’épargner l’effusion de sang. Vous avez autour de vous des femmes et des enfants ! Rendez-vous ! je m’interposerai pour vous faire sauver la vie.

La Lignière :                Nous rendre ! à ces bandits ? …

De Lomède :               Vous croyez, vous, à la parole de ces brigands ? Nous les nobles, nous n’avons pas l’habitude de jongler avec des serments.

Valette :                       J’ai voulu sauver ce qu’il pouvait encore l’être ce jour-là comme je le fais aujourd’hui.

La Lignière :                Le peuple ne veut pas d’une autre religion que celle de Monseigneur de Bausset, notre évêque fidèle à Pie VI, en ce moment même peut-être martyr. Sortez, Monsieur ! Hâtez-vous ! de peur que les murs de cette maison ne s’écroulent sur votre tête ou que l’ombre de Monsieur de Montalet ne vous soufflète la joue d’un coup de cravache.

Valette :                       Aveugles que vous êtes. Ils veulent votre mort. Vous allez périr et vous refusez la bénédiction de Dieu que je voudrai vous donner.

La Lignière :                Sortez !

Valette :                       Que dirai-je à ceux qui me demanderont comment vous êtes morts après ce refus ?

Montalet :                    Que la miséricorde de Dieu y a pourvu, Monsieur !

                                   (le curé Valette sort)

De Lomède :               Misérable ! crois-tu que nous avons peur de mourir ? et encore moins de tomber entre les mains de Dieu, comme toi ? Tu as peur sans doute ?

Une voix affaiblie        Nous ne voulons pas d’autre foi que celle de Monseigneur de Bausset ! d’autre évêque que celui d’Alès ! Vive Monseigneur de Bausset !

Note 6:

Louis-François de Bausset, né à Pondichéry le 14 décembre 1748 et mort le 21 juin 1824 à Paris, est un cardinal et homme de lettres français des XVIII e etXIX e siècles.

Il vint fort jeune en France, entra au séminaire de Saint-Sulpice, et obtint un bénéfice dans le diocèse de Fréjus. En 1770, il fut député à l'assemblée du clergé, et se lia avec Mgr de Boisgelin, archevêque d'Aix, qui le nomma son grand-vicaire. En 1778, il passa en cette qualité à Digne, et calma les dissensions qui s'étaient élevées entre Mgr de Caylar, évêque de Digne, et son chapitre.

Il devint évêque d'Alais (aujourd'hui Alès) en 1784, et fut envoyé par les États du Languedoc aux deux assemblées des notables de 1787 et de 1788 ; mais il ne fit point partie des États généraux. L'assemblée constituante ayant supprimé son évêché en 1790, il se joignit en 1791 à la protestation des évêques français contre la constitution civile du clergé. Peu de temps après il émigra, puis revint à Paris en 1792. Incarcéré pendant la Terreur, il fut rendu à la liberté après le 9 thermidor.

Il se retira à Villemoisson, près de Longjumeau, et y consacra tous ses instants à la culture des lettres. En 1806, il obtint un des canonicats du chapitre de Saint-Denis. Ce fut pendant les loisirs que lui laissaient ses fonctions qu'ayant reçu de l'abbé Émery tous les manuscrits de Fénelon, il entreprit d'écrire l'histoire de ce vertueux prélat. Cet ouvrage (Histoire de Fénelon), qui parut en 1808 et 1809, 3 vol. in-8°, obtint un grand succès, et fut désigné en 1810 comme méritant le deuxième prix décennal. Encouragé par ce succès, Bausset composa, sur le même plan, l'Histoire de Bossuet, 4 vol. in-8°, 1814, qui ne reçut pas un accueil aussi favorable que l'histoire de l'archevêque de Cambrai. Néanmoins ces deux productions assurèrent à leur auteur un rang distingué parmi les écrivains de son temps.

Lors de la formation de l'Université, Napoléon Ier le créa conseiller titulaire (1810). Il avait été déjà fait baron de l'Empire. Sous la Restauration, il fut brièvement président du conseil royal de l’Instruction publique de 17 février au 20 mars 1815, ce qui correspondait au rôle de ministre, pair de France ecclésiastique le 17 août 1815 et duc de Bausset-Roquefort le 31 août 18171.

L'ordonnance royale de mars 1816 le fit entrer à l'Académie française en remplacement de Dominique-Joseph Garat qui en était exclu. Il fut créé cardinal par le pape Pie VII au consistoire du 28 juillet 1817 mais ne reçut jamais son chapeau rouge ni son titre.

 

SCENE III : Les Manants au château

 

La Lignière

De Lomède

De Montalet

Les Sans-Culotte aux grilles de la Cour d’Honneur

 

La Lignière :                Quel est le chef de ces bandits

Montalet :                    Un nommé Spartacus. Ils sont entichés des Romains !

La Lignière :                Nous devons alors être Crassus, Lentulus et Pompée !

Montalet :                    Je gage qu’on le dit jeune ce Spartacus. Je le voudrai bien combattre à l’épée. Mais nous sommes aristocrates, et ces gens -là sont pourriture. Nos pistolets feront mieux, comme à la chasse aux loups.

La Lignière :                Hélas ! mes amis, je crois finalement qu’il vaudrait mieux partir et épouser avec notre querelle celle de la France et de son Toi. Monsieur de Chamfort, mon aïeul maternel a laissé subsister un vieux souterrain secret. Par lui, en le suivant, nous pouvons gagner le ravin et la campagne. Ces gens ne peuvent tous périr pour notre querelle. Il y a d’ailleurs trop de femmes et d’enfants pour se défendre. C’est à nous seul que l’on en veut.

Passage sercet entre le 1er étage et le rez de chaussée 

Escalier du passage secret

Départ du passage secret au 1er étage, chambre des Dames

Emplacement de la trappe qui permettait de gagner le souterrain via les caves et les sous sols


Montalet :                    J’aurai dû mourir, Messires, dans mon château, l’épée à la main, après avoir jonché le parquet de mon salon du cadavre de ces brigands. Partez, vous ! Moi je reste seul ! et que tous sortent !

De Lomède :               Jeune homme, réservez votre épée pour le Roi. N’oubliez pas qu’ils vous détestent encore plus que nous. Vous êtes jeune et beau à la fois, ces bandits ne vous pardonneront point. Ils vous écorcheront vif. Vous êtes le dernier des Montalet. Votre père m’a chargé de veiller sur vous. Je vous ordonne de nous suivre, et je vous fait un serment devant la morte qui passe : c’est que nous saurons nous venger.

Un paysan :                 (qui entre) Les paysans sont dans le souterrain avec des flambeaux. Ils s’échelonnent de long en long. Deux autres vont vous accompagner, Messires. Mais au nom du ciel, hâtez-vous ! Les brigands ont forcé la grille, ils débouchent sur le perron.

Les Sans-Culottes :      A mort les aristos ! à la lanterne ! à la lanterne !

 

SCENE IV : La fuite à travers les souterrains

 

La Lignière, de Lomède et de Montalet au balcon du premier étage

Les Sans-Culottes et Spartacus sur le perron

 Spartacus :                   Montalet c’est toi ? Sors donc de ta tanière renard ! Ah ! ton épée ! ton épée ! … et où est Guichard le lièvre ? Vous avez peur, ah ! ah !

La Lignière :                Chien de manant, arrière !

Montalet :                    Non, pas mon épée, mes pistolets ! ce sont des loups !

De Lomède :               Angelo ( en essayant de retenir Montalet)

Cris :                           Vive le Roi ! … Vive la République ! 


La Révolution est maintenant finie. Bonaparte est devenu Napoléon. C’est lui qui commande la France. Les nobles le boudent. Mais le peuple obéit. Quelques irréductibles royalistes complotent sournoisement.

Depuis le Consulat, de La Lignière, revenu d’exil, vit dans son château qui lui a été rendu. Mais il est ruiné et aigri.

De Montalet, farouchement hostile à l’empire, nous un réseau d’espionnage avec les de Lomède qui partagent l’exil des Bourbons. Les intrigues se multiplient dans le pays, à la fin de l’Empire et aux premiers jours de la Restauration.

 

ACTE VII



Oswald de Lomède

Ou le Justicier du Roi 

SCENE I : le conspirateur de l’ombre

 

D’Artois

De Lomède

De Bétisy

 

 A Londres, dans un salon du Comte d’Artois

 

D’Artois :                    Monsieur le Comte fera bien ce qu’il fera. On ne peut mettre le doigt nulle part sans trouver du Buonaparte là-dessous. Il me semble parfois qu’il est comme cet hydre de l’Antiquité, qu’il a plusieurs têtes !

De Lomède :               Ne craignez rien, Monseigneur, il suffirait d’abattre celle que lui voyez et il ne lui en repousserait pas une de sitôt.

D’Artois :                    Qui sait ? Je connais des gens qui le croient doué d’un talisman qui doit lui éviter de perdre la vie. Dites-moi Monseigneur (à Bétisy) que ce ne sont pas des sornettes.

Bétisy :                        Ce n’est qu’un homme comme les autres, mais tel que tous les autres en ont peur.

De Lomède :               Dites un mot et Monsieur de Vitrolles le fera occire aussi vite que vous le voudrez. Il a la dague ou si vous le préférez, le poison qui fait encore moins de bruit.

D’Artois :                    Non ! Non ! pas cela. Jamais ! C’est là une pratique italienne que ne nous convient pas à nous autres français. S’il mourrait ainsi, on ne manquerait pas de nous calomnier comme pour le complot de Cadoudal. On a menti, entendez-vous vous bien Comte ! Je hais le poison. Je ne veux pas de meurtre. Si j’eusse fait un signe cela serait déjà fait. Il y a des vengeurs qui me le demandent depuis dix ans. J’ai retenu, je retiens leurs bras. C’est sa puissance qu’il faut tuer, non sa personne. Sa personne, la religion nous le défend.

Bétisy :                        Ce corse est assurément un homme bien curieux.

D’Artois :                    Savez-vous, Monseigneur, qu’il a blâmé tantôt à l’article du divorce, tous les anciens évêques devenus concordataires, en disant dans son conseil : « Je ne connais qu’un homme qui puisse m’en remontrer là-dessus. C’est le saint Monseigneur de Bétisy qui se dit fiancé à l’église d’Uzès pour l’éternité. »

Bétisy :                        Cet homme a des réparties ingénues. (à de Lomède) Je vous bénis dans votre mission. Que le Dieu de Saint Louis vous soit en aide et vous protège au milieu des embûches que ne manqueront pas de vous tendre nos ennemis.

D’Artois :                    Prévenez-Vitrolles. Pas de transaction sur la cocarde. Mettez-vous en relation avec Talleyrand. Il tire son épingle du jeu. Adieu Monsieur ! Nos regrets au jeune Montalet pour la mort de son père. Ménagez-vous.

 

SCENE II : Le juge implacable

La Lignière

De Lomède

De Montalet et Mélanie de Montalet sa sœur

Vitrolles (qui arrive)

Bocastel

 

Dans la salle à manger du château à Saint André

 

La Lignière :                Ainsi vous transformez les souterrains de mon château en royales prisons de Sa Majesté Très Chrétienne ! Je suis maintenant vieux, jeunes hommes, et j’ai peur. Buonaparte, même aux abois, n’est plus Barras et le gouvernement du directoire. Vous jouez le jeu qui a perdu vos pères. Il vous sera fatal et il risque de l’être aussi pour moi. C’est du sang français que chaque jour vous versez, et avec ma tacite approbation !... Je vais bientôt mourir, et je veux que l’on puisse dire dans la rue, à Saint André : « Monsieur de La Lignière est mort. Il n’avait fait qu’une faute, c’est trop mangé de gâteaux et de confitures… » … Je sais, j’ai connu vos pères à tous les deux. Vous leur ressemblez, mais vous allez trop loin. Le Corse ne tombera que lorsque les Alliés le voudront vraiment.

De Lomède :               Sachez, Monsieur, que je dois tout aux Bourbons, hors mon nom que je dois à l’exil et à ma haine de Buonaparte. Allons ! qu’on amène ici Christian de Bocastel, parjure à son Roi et les deux autres prisonniers que j’ai capturés à Ganges.

Montalet :                    Vous allez voir, Monseigneur, la justice du Roi.

La Lignière :                Ce n’est donc pas assez de transformer mes souterrains en oubliettes et en coupe gorge. Il vous faut donc maintenant établir votre tribunal expéditif jusque dans mon cabinet !

                                   (on amène Boscatel – Montalet enlève le bandeau)

De Lomède :               Alors Christian de Bocastel, commandant de Buonaparte pour la bonne ville d’Alès, salue donc le représentant de Sa Majesté Très Chrétienne, Louis, Roi de France et de Navarre, dix-huitième du nom.

Bocastel :                     Je ne connais point d’autre chef à la France que l’Empereur Napoléon Buonaparte.

De Lomède :               Tu avoues être parjure à ton serment fait entre les mains de l’Auguste et malheureux frère de Sa Majesté…

Montalet :                    Comment avocat du Roi au Parlement de Toulouse as-tu pu désormais accomplir les fonctions de Haut-Commissaire du Gouvernement de l’Usurpateur, à Mende puis à Alès ?

Bocastel :                     J’ai toujours gardé en mémoire te en mon cœur ces paroles que le Grand Roi nous a laissées en héritage : » Messieurs, je m’en vais mais l’Etat demeure toujours ; servez-le quel qu’il soit ! »

Montalet :                    Misérable ! même l’ombre du plus illustre des morts ne saurait t’arracher au destin. Tu as trahi !... tu as fait arrêter vingt-sept jeunes gens parmi  les nôtres et qu’en as -tu fait ? … poussière avant le temps ! comme ton chef a fait du dernier descendant des Condé. C’est leurs voix par la mienne qui prononcent cette sentence : la mort !

De Lomède :               Tu as entendu Bocastel ? Le sang que tu as versé crie vengeance. Penses-tu que nous puissions être avares du tien ? Non, sans doute ! Mais tu as peur ! tu trembles ! comme si tu étais plus un gentilhomme ! Crois-tu que nous allons te livrer à la torture ? Ah ! point non ! Ton sang impur éclabousserait et tâcherait nos cocardes blanches ! Ce que nous allons faire de toi est pis : c’est la justice du Roi.

                                   ( il écrit) «  De par le Roi, Christian de Boscatel, ci-devant avocat au Parlement de Toulouse, Haut-Commissaire de la République sous le Consulat et sous le gouvernement de l’Usurpateur Buonaparte, convaincu de crimes multiples envers les serviteurs de SA Majesté Très Chrétienne, et parjure aux serments les plus solennels, solennellement prêtés, est condamné à la peine de mort. Il sera enveloppé dans un sac noué de cordons, avec un parchemin cousu portant ces mots : « laissez passer la justice du Roi » et jeté dans l’Hérault au lieu-dit le Moulin des Fossé »

                                   Le septième jour du mois d'Augsute, mil huit cent quatorze.

                                   Signé : Oswald de Lomède, Envoyé spécial de Monseigneur le Comte d’Artois pour le Languedoc

Montalet :                    (il prend le parchemin et le relit à haute voix)

De Lomède :               Va, tu n’as rien à répondre je pense à la justice du Roi ? et à tous ceux qui sont là ? Sachez, Messieurs, qu’il en sera ainsi désormais pour tus les traitres, comme sous Charles VI. Il n’est personne sur terre qui ne doive laisser passer la justice du Roi.

                                   (On emmène Bocastel )

 

 

SCENE III ; la cruauté des jeunes comtes

Les mêmes

Deux condamnés :     

 

De Lomède :               Qu’on amène les deux autres condamnés !

Montalet :                    Alexandre Despréaux et Jacques Hérand… ces coquins-là sont muets ! … Pourtant à vingt ans la parole est facile ! N’est-ce pas Monsieur de la Lignière ?

La Lignière :                Que reprochez-vous à ces jeunes gens ?

Montalet :                    Des relations avec de Cortine, un espion de Buonaparte qui se faisait passer pour un envoyé du Comte d’Artois. Ils connaissent par ailleurs Vaudricourt qui a été commissaire des guerres de la République et qui a fait torturer Monsieur de Kervalec, cousin germain de Vitrolles.

La Lignière :                Mais ils n’ont rien dit !

Montalet :                    Mais parle donc ! parle ! Tu connais Vaudricourt ?

                                   ( il saisit de la braise avec les pincettes)

De Lomède :               Pas ici Montalet, la salle à manger de ce château est sonore et il convient de ménager les nerfs et le cœur de Monsieur de La Lignière. Dans la cave, à la porte du souterrain, nous allons vous faire parler, canailes ! Je connais mille petits tours ingénus pour vous délier la langue, devrait-on vous mettre à la broche comme les perdrix !

                                   ( l'un des condamnés se jette aux pieds de Monsieur de La Lignière, l’autre aux pieds de Mélanie de Montalet)

Les condamnés :         Pitié, pitié, Messire, je suis innocent.

De Lomède :               Arrière, manant, arrière, à la torture !

                                   (ils les torturent avec des pincettes rougies au feu de la cheminée et avec leurs dagues)

De Lignière :               Monsieur de Vitrolles, vous vous déshonorez, et vous déshonorez Sa Majesté Très Chrétienne. (il sort) .

De Lomède :               Emmenez-es ! ce sont des loques. Qu’on les achève !

 

Note 7 :

Henri Benoît Jules de Béthizy de Mézières est le 64e évêque d'Uzès, son épiscopat dure de 1779 à 1792. Il est né le 28 juillet 1744 au château de Mézières-en-Santerre, près Amiens et décédé le 8 août 1817 à Londres. Il est d'abord grand-vicaire du cardinal Alexandre Angélique de Talleyrand-Périgord, archevêque de Reims.

1779.  Il est nommé évêque.

1780: Il est sacré le 16 janvier et fait son entrée solennelle à Uzès le 4 octobre suivant.

1789.  Il est élu député du clergé du Languedoc aux États généraux de 1789. Il proteste contre le refus fait l'Assemblée nationale de déclarer que la religion catholique était la religion d'État.

1792.  Obligé de quitter la France, il séjourne successivement à Bruxelles, en Allemagne, en Hollande. Il rentre à Paris quatre jours après l'exécution de Louis XVI. Il écrit à ce moment : « J'ai trouvé Paris aussi tranquille, aussi livré à la dissipation et à la joie que si aucun crime n'y eût été commis. »

De Paris, il retourne à Bruxelles et passe ensuite en Angleterre. Lors du Concordat, il hésite d'abord à s'y soumettre; mais il ne tarde pas à lui donner son adhésion.

1814.    Il est l'un des promoteurs de la Restauration, qui lui permet de faire une réapparition à Paris. 

1817.    Il retourne de Paris à Londres, où il meurt. Il y est inhumé dans le cimetière Saint-Pancrace, qu'une ligne ferrée traverse aujourd'hui. Son tombeau est à côté de celui de Monseigneur de Malide, évêque de Montpellier. Son épitaphe est ainsi conçue :

« Illustrissimus et Reverendissimus in DD.

Henricus-Benedictus de Bethizy

Ucetiensis Episcopus (in Gallia). »                 

Béthizy porte d'azur fretté de six pièces d'or. Devise : et virtus, et sanguis.

 

Eugène François Auguste d'Arnauld, baron de Vitrolles, né le 11 août 1774 à Vitrolles et mort le 1er août 1854 à Paris est un homme politique français.

Au début de la Révolution, il ne rentre pas en France et s’engage dans l’armée de Condé, où il combat les armées françaises, notamment à Bertzheim.

Il est secrétaire d’État provisoire en 1814 et joue un rôle important lors de la première Restauration en prenant l'ordonnance du 12 mai 1814 concernant la réorganisation des corps de l'armée française.

Pendant les Cent-Jours, il tente de soulever le Midi, mais est emprisonné à Vincennes, puis à l’Abbaye.

Élu député ultraroyaliste en août 1815, il devient ministre d'État (1815-1818) et membre du conseil privé. Il retrouve son titre de ministre d’État en 1824, puis est envoyé par Charles X, qui le nomme ambassadeur de France auprès du grand-duc de Florence (1827). Il obtient le grade de maréchal de camp en 1828.

Enfin, il demande le retrait des ordonnances de juillet 1830, mais ne l’obtient que le 29 juillet, trop tard pour empêcher le succès de la révolution de 1830.

 

 

 

           

Note 7 :  sur la Guerre des Camisards

  

            Commandants

• Nicolas de Lamoignon de Basville

• Victor-Maurice de Broglie

• Nicolas Auguste de Montrevel

• Claude Louis Hector de Villars

• Jacques Fitz-James de Berwick        

Forces en présence

20 000 fusiliers et dragons (mars 1703)

3 000 miquelets (janvier 1703)

2 000 à 3 000 miliciens 7 500 à 10 000 camisards

Pertes

3 000 à 4 000 morts

14 000 morts

(selon Lamoignon de Basville)



Les victoires des Alliés et les défaites de Napoléon ont ouvert aux Bourbon 

la route de la France. L’activité des royalistes ouvre le chemin du trône à Louis XVIII.

Le Frère de Louis XVI a fait son entrée triomphale dans la capitale avec le Comte d’Artois, la Duchesse d’Angoulème et les Princes de Condé.

 

 ACTE VIII



Le Lys de Gueules

Ou Sur la terrasse de bord de l’eau, aux Tuileries 

 

SCENE I : la cocarde

 

D’Artois

D’Orléans

Vitrolles

De Lomède

 

De Lomède :                           Comment, Monsieur, ( au Duc d’Orléans) votre cocarde n’est point blanche ?

D’Orléans :                             Je porte les couleurs de Paris. Que prétendez-vois ? Votre épée Monsieur !

                                               (ils se battent à l’épée)

Vitrolles :                                Monseigneur ! … Monsieur ! … Monseigneur ! … (il tente à chaque fois de les séparer) Par Dieu ! Ils vont se pourfendre ! …

                                               … (à d’Artois) Monseigneur, Votre Altesse Royale devrait intervenir… Votre Altesse Royale…

D’Artois :                                Mon cousin, pas d’accommodement sur la cocarde. Ma nôtre est blanche… Un homme peut se battre et mourir pour un drapeau qui change, mais il ne doit jamais changer de cocarde ! sans cela, point d’honneur ! Vos épées !

Vitrolles :                                Dieu du Ciel, le Roi ! …

                                               (Les cloches sonnent - Le Roi et sa suite arrivent )

 

SCENE II : le Père du Peuple

 

Louis XVIII

D’Artois

La Duchesse d’Angoulème

D’Orléans

Talleyrand

Vitrolles

De Bétisy

De Lomède

De Montalet

 

 

LouisVIII :                              Eh bien Bétisy ! je pourrais dire maintenant que je suis Roi, si je n’avais jamais cessé de l’être depuis la mort du petit prisonnier de la Tour

Bétisy :                                    Sire voilà plus de vingt ans écoulés que Sa Majesté votre frère quittait ces mêmes Tuileries au milieu des larmes de ses serviteurs.

Talleyrand :                             La Providence Divine, Sire, permet que l’on acclame Votre Auguste race sur la place où s’est accompli le plus grand crime de la Révolution. Entendez !...

Vitrolles :                                Enfin Buonaparte a disparu. Sa grande ombre n’obscurcit plus le Royaume du Souverain légitime. Regardez bien cher Comte ( à Artois) ces lettres encore écrites avec du sang sur les murs de ce palais : » 10 août 1792, la Monarchie est abolie. En France elle ne sera jamais rétablie. »

D’Arois :                                 Ces lettres énormes m’a-t-on dit, furent écrites avec le sang des gentilhommes, des Gardes suisse et écossaise le soir du 10 août. Les Sans-Culottes les prenaient par les pieds et leur écrasaient la tête contre les murs.

Vitrolles :                                Ainsi fut écrasé votre père, Montalet !

Louis XVIII :                          Du sang, du sang, toujours du sang !... Il faut oublier tout cela. Je vous ferai Pair ; vous aussi d’ailleurs de Lomède. Vous serez de la promotion de Monsieur. Vous l’avez tellement bien servi. Votre écu : «  champs de gueules strié de langue d’or losangées, portera un lambel en hait, du même or, criblé de nos lys de France, mais de gueules, symbole du sang de notre malheureux frère, de la Reine, du Dauphin, de tous ceux aussi qui sont morts pour nous ici ou en exil, de tous ceux qui sont tombés sur ce sol de France de part et d’autre, symbole du sang répandu aussi par vengeance, une vengeance qui doit maintenant cesser, car le Roi de France veut être désormais le Père de tout son peuple.


 

FIN

 

 

XXXXXXXX

XXXXXX

XXXX

XXX

XX

X

 

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