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Les Cévennes
Les Cévennes c'est quoi ?
Voici quelques explications données
par Jean-Paul Chabrol professeur agrégé d'histoire et de géographie,
par Paul Fabre Professeur émérite de l'Université Paul Valéry de Montpellier
et par Jean - Pierre Chabrol notre célèbre conteur cévenol
Mais déjà Jules César... il y a un peu plus de 2000 ans avait parlé de
notre beau pays..
lisez plutôt ce qui suit !
"Depuis très longtemps, écrit
Jean-Paul Chabrol professeur agrégé d'histoire et de géographie et spécialiste
des Cévennes, les toponymistes se sont penchés sur l’origine de ce mot.
Avant de désigner un "pays" ou une région; les Cévennes ont été un
nom, un nom de montagne, un oronyme en terme savant. C'est aux géographes grecs
de l'Antiquité, (Strabon notamment) que nous devons les premières mentions de
ce mot (Kemména, Kemménè, Kemmenon). La forme latine ( mons
Cevenna, Cevenna) apparaît dans la Guerre des Gaules sous
la plume de Jules César.
Selon Paul Fabre, le mot est un dérivé du gaulois cemeno (qui signifie "dos)) avec le suffixe enna employé au sens oronymique. On retrouverait dans le mot Cévennes, disent encore les spécialiste une racine celtique : " cem-" "ceb" = dos. ( en galois : cenm - ou cevyn ) .
Pour les Anciens, les
Cévennes, vue de la plaine rhodanienne ou languedocienne, formaient à
l'horizon, "une longue échine."
Jean-Paul Chabrol in Abécédaire des Cévennes pages 42 et 43. Imprimerie ACM SPA Acerra 2016.
Par pitié ne disons pas n'importe quoi, et en particulier que le nom des "Cévennes" viendrait de "Sept Veines".
Paul Fabre, professeur émérite de l'Université Paul Valéry de Montpellier écrit ceci dans le n°2166 de la revue Cévennes-Magazine. "Ne laissons pas dire n'importe quoi sur l'étymologie du mot " Cévennes". On a beau dire aux amateurs que pour faire de l'étymologie il faut faire des études de phonétique, de dialectologie et d'histoire des langues, ... Comment voulez-vous qu'un mot qui se trouve chez César (Guerre des Gaules), puisse dériver d'un mot français ? La langue française a, grosso modo, mille ans. " Cebenna" a deux mille ans ! Comment serait-il possible que celui-ci puisse "venir" de celui-là ? Un père qui aurait mille ans de moins que son fils ? ça interroge un peu quand même ! ..."
"Pour étudier un nom de lieu, il faut d'abord identifier la langue que nous l'a transmis; il faut ensuite rechercher les formes anciennes, latines, les plus anciens possibles ; il faut encore voir si de la forme ancienne à la forme moderne, l'évolution phonétique s'est faite selon les lois phonétiques connues. Tout cela s'apprend et on met des années à l'apprendre. Et il arrive à ceux qui ont appris de n'être pas toujours sûrs d'eux. Il faut donc être sérieux et (je me répète) " ne pas dire n'importe quoi" ! " Paul Fabre
Pour être gentils avec ceux qui continuent de dire que "Cévennes" ça vient de "Sept veines".. disons que c'est de "l'étymologie populaire. Que ça n'a rien à voir avec la vraie étymologie du nom et que rien ne peut fonder sur rien de solide, et sans arguments une telle interprétation !
IL Y A PLUS DE 2000 ANS, VOICI CE QU'ÉCRIVAIT JULES CÉSAR DANS LA GUERRE DES GAULES:
"Ces dispositions continrent Luctère: il craignit de s'enfermer entre nos garnisons et s'éloigna. César marcha vers les Helviens. Quoique les montagnes des Cévennes, qui les séparent des Alvernes furent alors couvertes de neige, et semblassent dans une saison si rude, s'opposer au passage, cependant, les soldats, à force de peine, écartèrent la neige haute de six pieds et ouvrirent un chemin qui les mena chez les Arvernes. César étonna ces peuples par un irruption si subite; car ils se croyaient défendus par les Cévennes comme par un mur impénétrable. Jamais en cette saison, un simple voyageur ne s'était frayé le moindre sentier."
QUANT À
JEAN-PIERRE CHABROL DANS LES REBELLES AU CHAPITRE 3 CLERGUEMONT, IL ÉCRIT :
"Les Cévennes - La Cévenne
"La montagne d'abord. La Cévenne.
Chacun la sienne. Atlas, géographie, dictionnaire, on ne trouve jamais imprimé
que "les Cévennes" ; en passant de la vie sur le papier, cet étrange
pays prend le pluriel.
La Cévenne n'est pas de ces contrées qui
se laissent apercevoir, côtoyer, toiser, parcourir, aimer, quitter ; elle
ne peut être ni un passage ni une passade. On est dedans ou dehors. Ainsi donc,
lorsque les eaux vives arrivent dans leur force, le garçon abandonne la source.
Il monte à Paris par exemple. Après une nuit suffocante de poussière noire, il
débarque dans la capitale, regarde l'heure et sait que le jour est levé dans
son val pourtant profond, et comprend pourquoi sur les calendriers imprimés
dans la capitale on ne juge pas superflu de marquer l'heure officielle de
l'aurore. Puis il découvre douloureusement des immeubles hideux qui font la
queue devant de grands magasins. Tout est petit à Paris pour qui s'est élevé
face à la montagne. Jusqu'à cette minute exactement, les Cévennes avaient été
un monde pour ce garçon. L'angoisse le prend. Il a peur, soudain que, passé les
portes du cher pays, il ne se rencontre plus que de méchantes gens. Comme il a
" de l'accent" les Parisiens lui demandent avec un sourire entendu,
insupportable : "vous êtes marseillais ? - Non, Cévenol... Ah...tiens... -
Je suis originaire des Cévennes...Ah bon. Et... les Cévennes, où c'est...? Les
Cévennes, où c'est ?
Avant d'être devenu "Cherche
Midi", Leo Larguier s'était fabriqué une série de réponses toute prêtes,
une sorte de "tirade du nez", du "pied de nez":
Vulgarisateur : Vous voyez le Massif Central, vous voyez la Méditerranée ? A
mi-chemin, par le chemin le plus court, la ligne droite...
Consolant : Vous connaissez Nimes ? ben sûr. Quand vous quittez la "Cité
romaine" en direction du Nord-Est, avant d'arriver au Puy ( vous
connaissez le Puy ? naturellement!)
vous traversez tout un troupeau de
montagnes désolées, quelques hameaux dépeuplés que personne ne connaît... Une
grande ville, pour vous fixer les idées ? Attendez ... attendez...Non il n'y
pas de grande ville dans les Cévennes. Les Cévennes sont ce désert où personne
ne passe, dont personne ne parle... vous voyez, il n'y a pas de honte...
Anatomique : Les Cévennes, c'est quand le Massif Central met les pieds dans le
plat. Ce sont ces gros orteils qui se tendent vers la Méditerranée, pour voir
si l'eau est bonne entre Sète et Marseille.
Touristique : Au lieu de foncer à tombeau ouvert sur la grande route bleue,
prenez donc à droite après Moulins. Si vous connaissez la Côte d'Azur, il y a
un endroit où vous aurez envie de vous arrêter; cet endroit, c'est les
Cévennes.
Superbe : Les Cévennes ? Mais c'est le petit pays devant lequel le Roi Soleil
dû mettre les pouces.
Cuistre : " Quod se Cevenna ut muros munitos existimabant" relisez
Caesar ! de Bello Gallico, livre VII, chapitre VIII.
Et bien d'autres hélas, devenues
machinales dont il était le premier fatigué, si bien qu'il lui arrivait de
répondre : je ne vous le dirai pas ! si trop de gens le savaient, les Cévennes
ne seraient plus ce qu'elles sont ! Le " sursaut cévenol", fait de
pudeur et d'orgueil. Pour un Cévenol, parler de la vie, du péché, de la mort,
de la vie éternelle, de la responsabilité, de la mort à attendre, de la mort à
recevoir, de la mort à donner aussi, parfois !...
La Cévenne, c'est une
confidence..."
Les Cévennes sont un espace à géographie variable.... souvent réduit à une perception très subjective... ! avec d'énormes différences de définitions ou d'interprétations selon les vallées, mais toujours terre d'accueil et de résistance et de refuge... ! avec un point commun qui marque tous les Cévenols et que résume bien le terme "réboussié"
D'où le fait que malgré toutes ces
références et définitions de membres éminents et savants, chacun a
"SA" Cévenne, souvent celle où il est né, ou celle de son imaginaire
!
Publié par Jean Mignot
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